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Souvenirs de Cinéma #42 : Celia de cinemacoreen.fr

Aujourd’hui programmatrice et consultante pour des festivals, des distributeurs et des producteurs dans le secteur du cinéma, Celia promeut le cinéma coréen depuis bientôt 13 ans et est rédactrice en chef de www.cinemacoreen.fr depuis 2011, qui relaie chaque jour des films coréens à voir en salles de cinéma en France ou à découvrir légalement en ligne ou en éditions vidéo. L’occasion pour elle de revenir sur son parcours singulier à plus d’un titre à mi chemin entre la France et la Corée du sud. 

Rétrospectivement, l’animation coréenne aura été le fil rouge de ma vie française, comme un lien imperceptible avec mon pays natal depuis l’enfance jusqu’à présent, cela marquera de son empreinte durable tout un continuum de mises en scène qui échelonnèrent ma vie personnelle, puis professionnelle.

Mes premiers souvenirs de cinéma, comme bon nombre d’enfants, furent lors de séances Jeune public ou en sorties nationales de cinéma d’animation des studios français, européens ou de Disney au Gaumont des Gobelins (actuellement où est la Fondation Pathé, et non loin de l’École des Gobelins). Sans le savoir immédiatement, je fus exposée dès l’enfance à des productions qui transitèrent par ma péninsule natale entre les années 70 et 2000 en sous-traitance pour l’exécution de productions étrangères, puis en création locale au Nord comme au Sud de la Corée, comme par exemple avec le studio nord-coréen SEK (조선4.26만화영화촬영소) qui exécuta bon nombre de séries TV animées et films pour l’Asie et l’Europe (Les Histoires du Père Castor, Corto Maltese, Horus Prince du soleil, SpongeBob SquarePants, Simba le Roi lion, Teenage Mutant Ninja Turtles, Un burattino di nome Pinocchio, The Simpsons Movie, Les Misérables …).

Pendant mon adolescence, je me souviens d’un projet singulier qui me parvint alors que sa genèse fut des plus chaotique pendant près de 10 ans : Gandahar de René Laloux qu’il adapta de Jean-Pierre Andrevon et auquel Philippe Caza collabora pour les dessins. Sa palette de couleurs et son chara-design m’avaient impressionné et perturbé, et je le revis dernièrement en ciné-club aux 3 Luxembourg, on sentait que cela avait mal vieilli mais cela conservait un certain charme. De même pour Comment Wang Fô fut sauvé, adapté de Marguerite Yourcenar, Laloux collabora avec Caza et la Corée du Nord de nouveau pour ce court-métrage, son dernier film d’animation. Vous voyez la Corée n’a pas attendu les succès de fiction des Kim/Bong/Park pour qu’elle ait des relations fortes avec la France !

Après avoir été la sous-traitance des Occidentaux, je me souviens de réalisations iconiques sud-coréennes, plagiant sans honte le modèle japonais, pays des mangas, avec Robot Taekwon V 로보트 태권브이 de KIM Cheong-gi 김청기, qui fut même nommé envoyé de bonne volonté de l’UNHCR en Corée du Sud, et Les Aventuriers du système solaire 로보트왕 썬샤크 de PARK Seung-cheol 박승철, que je n’aurai jamais imaginé revoir en version restaurée ET sur l’écran géant du Grand Rex avec 2700 fous furieux de la Nuit Nanarland ! Des méchas, des brûlots anti-cocos, du manichéisme… rien n’était subtil encore dans les années 80, et l’animation non plus avec des images-clefs mal enchaînées !

Je me souviens surtout du retour en grâce de l’animation coréenne avec Wonderful days 원더풀 데이즈 de KIM Moon-saeng 김문생 au début des années 2000 qui fut distribué en France par Pathé. Certes, on y sentait encore la prégnance des fictions et mises en scènes occidentales à l’œuvre pour ce post-apo, mais l’autonomisation des studios d’animation se déployait à l’orée de ce nouveau siècle. Et c’est exactement ce moment qui me donna envie de partir à la découverte de mon pays natal et de ses studios d’animation pour publics adultes, car selon moi l’animation n’est ni un genre, ni destinée au jeune public, c’est avant tout une écriture et une mise en scène au service de différents registres, genres, esthétiques et imaginaires, pour petits et grands.

C’est ce pourquoi, je me souviens que grâce au Festival d’Annecy j’ai pu rencontrer des professionnels de Corée du Sud avant d’y aller au mitan des années 2000, et j’ai suivi depuis 2 studios d’animations : Studio Meditation with a Pencil 연필로 명상하기 et Studio Dadashow 스튜디오 다다쇼 qui sont chers à mon cœur franco-coréen et que j’essaie de visiter tous les deux ans. Je ne m’étalerai pas sur les œuvres variées de leur catalogue respectif, mais il y a deux films sur lesquels j’ai aimé travailler et que je voudrais porter à la (re)connaissance du public : The Fake 사이비 de Yeon Sang-ho 연상호 et The Shaman Sorceress 무녀도 d’AHN Jae-hoon 안재훈. 

Le premier est un drame social sauvage et brutal qui relate l’anéantissement d’un village et d’une famille en prise d’arnaqueurs déguisés en rédempteurs bigots, profitant d’un projet de réaménagement du territoire pour détourner l’argent des villageois. Coup de poing dans l’estomac, ce film est pour moi le chef d’œuvre noir de Yeon connu pour ses films live Dernier train pour Busan ou Peninsula. J’ai un tel amour pour ce film difficile que j’en ai fait un bonus pour Spectrum films afin de retracer le chaos que traversent les personnages de cette fiction qui malheureusement s’inspira de faits réels. Le deuxième métrage est une adaptation d’un court roman La Chamane 을화 de KIM Dong-ri 김동리, et avec mon acolyte Simon nous avons traduit et sous-titré pour le Festival d’Annecy. A notre plus grande joie, ce film fut récompensé d’une Mention dans la section Contrechamp en 2020. Cette histoire magnifique aborde le syncrétisme religieux dans la péninsule coréenne, et la division que cela occasionna au sein d’une famille. C’est déchirant, digne de tout pansori mélodramatique, et l’animation superbement mise en couleurs convoque la cosmogonie chamanique des Coréens.

Dans les prochaines découvertes : le poignant Taeil I 태일이 Chun Taeil : A flame that lives on de BYUN Young-kyu 변영규 & HONG Jun-pyo 홍준표 & le tordant Carnivorous Bean Sprout 육식콩나물 de SEO Sae-rom 서새롬 que je vous recommande vivement et qui tournent dans divers festivals internationaux !

Celia

Propos recueillis par Yoan Orszulik, vous pouvez retrouver Celia sur le site : www.cinemacoreen.fr ainsi qu’à travers ses vidéos. 

Cours de cinéma Zoom sur… The Strangers 곡성 de NA Hongjin 나홍진 pour le Forum des images : www.forumdesimages.fr/les-programmes/toutes-les-rencontres/zoom-sur-the-strangers

Conférence La revanche sur la vie, le cinéma coréen sous influences cherche à s’émanciper pour Racines coréennes : racinescoreennes.org/evenement/cycle-de-conferences-culturelles

Commémoration pour les victimes du naufrage du ferry Sewol lors de la Soirée 100% doc – LOGBOOK 로그북 de Bok Jin-oh 복진오: www.facebook.com/cinemacoreen/videos/714012139792270

et sur 

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