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Souvenirs de Cinéma #38 : Wilfried Kaiser

Aujourd’hui c’est Wilfried Kaiser, ancien biologiste devenu créateur de la chaine YouTube Dead Will, qui analyse sous un angle personnel diverses oeuvres cultes, qui revient sur le traumatisme à l’origine de sa passion pour le 7ème art. L’occasion pour lui d’évoquer également la profession de foi de ses travaux, portée sur l’éducation populaire et la volonté de donner des clés de compréhensions auprès du plus grand nombre. 

Aussi loin que je me souvienne, mon premier souvenir cinéma a toujours été cette fameuse scène des Dents de la mer, où le requin saute sur le bateau et dévore le capitaine…. Vu beaucoup trop jeune, après avoir rampé dans le salon pour me dissimuler aux yeux de mes parents, cette scène aura été mon premier vrai rapport au cinéma. Un rapport marquant, traumatisant…. Et traumatisant n’est ici pas choisi au hasard puisqu’il m’est, aujourd’hui encore, difficile de me baigner sans être envahi par cette pulsion de peur. Bref, en écrivant ces lignes, je m’aperçois à quel point le cinéma a été un élément déterminant, au sens Spinozien, dans ma vie.

En effet, avant de me consacrer de manière un peu plus professionnelle au cinéma, ce premier traumatisme avait créé, chez moi, une fascination au moins aussi forte que la peur ressentie. J’ai ainsi consacré une bonne partie de mon enfance à me passionner véritablement pour les requins. Rêvant de devenir chercheur et ainsi pouvoir plonger avec eux, apprivoiser cette peur à grand coup de connaissance. Comme si cette accumulation de savoir pouvait neutraliser cette terreur. C’est ainsi que quelques années plus tard, devenu biologiste, je me suis retrouvé en Afrique du Sud pour donner une conférence sur les….. insectes ! Donc rien à voir ! Mais une fois sur place j’ai eu l’occasion de réaliser un de mes rêves, plonger avec un requin blanc. Comme si toutes ces années d’études n’avaient été poussées que par ce trop tôt visionnage du chef d’oeuvre de Spielberg et m’avaient amené à venir regarder ma peur droit dans les yeux, droit dans ses yeux de nounours, noirs, sans vie… Une expérience qui reste, aujourd’hui encore, fascinante.

Bref, sans trop m’étaler sur ma vie privée, j’ai décidé quelques années plus tard de quitter le monde de la recherche pour me consacrer à mes activités créatives que sont la musique, la vidéo et l’écriture. Comme si, après cette expérience, une partie de quelque chose avait été résolue, ou était simplement terminée, me poussant à aller chercher des réponses ailleurs…

Malgré une adolescence assez boulimique en termes de cinéphilie, ce n’est que bien plus tard que je suis revenu, avec ma chaine, sur tous ces films ayant produit, chez moi, des mini traumas, révélations, coups de poing ou de profonds sanglots. Ainsi je ne le savais pas encore, mais le cinéma allait être, pour moi et par un moyen détourné, celui de l’analyse, une voie d’émancipation au milieu des multiples aliénations sociales, sociétales et psychologiques dans lesquelles nous évoluons.

Adolescent, comme pour beaucoup de ma génération, la découverte de Fight Club a été un véritable coup de poing m’ayant sonné plusieurs jours. Je me souviens encore de cette sensation, très étrange, d’avoir eu l’impression qu’on avait fait un film à partir de tout ce qu’il se passait dans ma tête à ce moment-là. Un film rempli de phrases fortes de sens ayant résonné longtemps chez moi et résonnant encore aujourd’hui dans ma caboche, dans mon inconscient, dans mes affects profonds. Et si le savon de Fight Club est aujourd’hui le logo de ma chaine ce n’est pas pour rien. 

En créant ma chaîne dédiée au cinéma, je ne savais pas trop où j’allais au départ. J’avais simplement cette très forte envie de partager ma passion et trouver un espace d’expression. J’ai ainsi tâtonné un bon moment…. jusqu’au jour où j’ai décidé de m’attaquer à l’analyse de Fight Club sous un angle qui me sautait aux yeux, celui du bouddhisme. Et c’est clairement à ce moment-là que la thématique centrale de ma chaine « Aliénation / émancipation » s’est dévoilée à mes yeux avec cette envie d’assumer à 100% ma subjectivité. Une subjectivité me permettant d’analyser ces films sous mon prisme psychologique et social et ainsi découvrir, avant tout égoïstement, pourquoi certains grands films m’avaient tant chamboulé. Ainsi chaque analyse est une véritable plongée sincère et personnelle dans mes affects profonds, des affects singuliers permettant d’en tirer un message, qui je l’espère lui, est universel. 

Les analyses que je propose s’inscrivent donc dans une longue démarche personnelle d’émancipation que je souhaite partager au plus grand nombre et ce sans jamais laisser personne au bord de la route. Le cinéma peut malheureusement être utilisé de manière élitiste, comme objet symbolique de domination sur autrui, méprisant bon nombre de personnes curieuses d’apprendre différents concepts philosophiques, sociologiques ou psychologiques qu’elles se refusent à avoir le droit d’obtenir. Ainsi, si le cinéma est un moyen d’émancipation personnel, par la compréhension de nombreuses choses de la vie, j’essaie de lui renvoyer la pareille en transmettant ce message à qui veut bien l’entendre. Et ce en évitant au maximum de laisser des gens sur le bord de la route, tout en tentant, modestement, d’utiliser le cinéma comme un moyen d’éducation populaire au risque d’être méprisé par certains. Et ma vidéo sur La soupe aux choux a été un révélateur de tout ceci.

Ainsi, à l’image de cette première scène des Dents de la mer ayant mis en mouvement, chez moi, de nombreux affects me permettant de réaliser de nombreuses choses pour m’en émanciper, le cinéma continue encore aujourd’hui d’être un de mes moteurs de compréhension de la vie, de nos sociétés, des rapports humains et de leurs rouages, me permettant de les déconstruire, les comprendre et m’en libérer. Le cinéma, si longtemps objet de fascination pour moi, est devenu aujourd’hui un matériau support de transmission. Alors merci à vous de m’avoir permis de prendre le temps de cette réflexion et merci aux artistes et travailleurs de tous horizons. Love.

Wilfried Kaiser

Propos recueillis par Yoan Orszulik vous pouvez retrouver Wilfried Kaiser sur sa chaine YouTube, ainsi que sur Facebook et Twitter.

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