Aujourd’hui c’est Mathilde Démaret, chargée de l’accueil invité-e-s du festival Les Intergalactiques de Lyon, qui nous fait l’honneur d’évoquer son parcours, notamment son enfance bercée par les salles de cinéma et les VHS, ainsi que la manière dont son parcours professionnel lui aura permis de boucler la boucle vis à vis de sa passion pour la science fiction à laquelle ses parents l’ont initiée.
Ce sont mes parents qui dès que j’ai eu l’âge m’ont emmenée au cinéma, et c’est peut être l’introduction la plus niaise de la galaxie mais n’empêche, c’est grâce à eux que j’ai vu autant de films et que je me suis intéressée au 7ème art. On allait dans une petite salle d’une ville de taille moyenne, le cinéma tenu par une association, et on y allait souvent – même quand il y avait moins de sous, mais ça c’est le genre de choses qu’on réalise plus tard – et surtout, on allait tout voir, tous les genres. Mes parents sont fans de science fiction, et avoir passé mon enfance devant les VHS de Star Wars, Retour vers le futur et Last Action Hero a esquissé mes goûts futurs.
Parmi mes souvenirs de cinéma les plus chouettes il y a la sortie de Star Wars: Épisode III – La revanche des Sith qu’on était allés voir exprès à Lyon sur écran géant, la file d’attente devant, et c’était génial d’être gosse à ce moment là et de vivre ça. Pendant longtemps mon film préféré était Terminator 2, et la première fois que j’ai vu Matrix, j’ai été bouleversée. Blade Runner a tout changé.
Après le lycée, je me suis lancée un peu par hasard en licence de lettres et cinéma, et j’ai aimé toutes les possibilités qui s’ouvraient en première année : tellement de choses à voir. Je me souviens cette année avoir vu en salle Il était une fois en Anatolie, et j’ai été fascinée, captivée. Je n’ai jamais osé le revoir depuis, je ne saurai pas trop dire pourquoi, peut être peur d’être déçue ou que cela ne soit plus la même expérience. En cours j’ai aimé découvrir Moretti, surtout Palombella rossa « le parole sono importanti ». Et puis un peu plus tard j’ai passé deux ans à voir revoir et re-revoir Le limier de Mankiewicz, pour mes recherches. Peu de temps après, je rencontrais par hasard Cyril qui m’a fait découvrir le festival les Intergalactiques, et j’ai commencé à faire partie de l’équipe. Intégrer la programmation cinéma du festival, c’est découvrir plein de films peut être plus difficiles à trouver : le dernier en date, c’était Le dernier Testament de Lynne Littman qui m’a mis une énorme baffe. Ou bien se marrer devant Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8e dimension.
Je dirais que mon rapport au cinéma est lié à des moments, je retiens mal les infos, j’ai sans doute une relation plus émotionnelle à l’image. Si je devais faire une liste comme ça, je dirais : le seul plan mobile de La jetée, Darcy qui traverse le champ à l’aube dans Orgueil et préjugés, les boîtes périmées dans Chungking express, les Shins dans Garden State, la bougie dans Nostalghia. « I came across time for you Sarah » disait Kyle Reese. Des instants épars qui m’accompagnent.
En 2020, le film qui m’a suivie c’était The Crow d’Alex Proyas : je l’ai vu une vingtaine de fois, j’ai regardé tous les bonus, j’ai relu le comics tout autant de fois. À un moment Eric Draven dit « It can ‘t rain all the time » et mine de rien c’est peut être la chose la plus rassurante que j’ai pu entendre ces derniers temps.
Je finirai ce parcours cinéma (et j’espère que c’était un peu intéressant quand même !) en me rappelant que l’une de mes plus grandes fiertés, ça a été de programmer Moon de Duncan Jones aux Intergalactiques en 2016. L’un de mes films de chevet, un petit bijou de science fiction. Mon père l’aime beaucoup aussi, il est donc venu enfin le découvrir sur grand écran (le film à sa sortie n’avait pas bénéficié d’une large diffusion en salle) : la boucle est bouclée !
Mathilde Démaret
Propos recueillis par Yoan Orszulik, vous pouvez retrouver Mathilde Démaret au Festival des Intergalactiques de Lyon.