Après avoir obligé Canal + à décaler sa diffusion pour une avant première à Cannes, non pas par prestige mais plutôt par égocentrisme de son créateur, la mythique série Twin Peaks effectue son retour sur nos petits écrans. Un rendez vous donné par Laura Palmer à Dale Cooper en oubliant peut-être que 25 ans c’est long, encore plus lorsque l’on s’appelle David Lynch.
A une époque où les come-back télévisuels se multiplient (24, Prison Break, Roseanne…) fallait-il réellement faire revenir Twin Peaks pour une troisième saison avec comme seuls réels prétextes un rendez-vous donné et quelques mystères inachevés ? La réponse est simple, non.
En se basant simplement sur ce double épisode, nous pouvons tristement constater que le rendez-vous est en quelque sorte manqué. Si le fond peut être présent et susciter la curiosité, la forme à contrario du pilote de la série est un échec de non sens. Une différence allant au-delà de l’univers, mettant l’accent sur un triste constat : le créateur devient bourreau. David Lynch n’est plus ou l’a t-il déjà été, dans les deux cas il faut s’avouer une chose, la carrière du bonhomme se divise en deux parties distinctes ayant comme point de rupture… Twin Peaks.
Succès qu’on lui attribue souvent à part entière en criant au génie, Lynch a très bien compris son importance à cette pierre angulaire qu’il a co-créée avec Mark Frost (important de le rappeler de temps en temps) et n’a cessé de jouer de cette aura dont il alternera auto-citation et masturbation par la suite. Sans jamais réussir à retrouver de sa sublime (quand bien même elle fut déjà là, question de point de vue) Lost Highway, Mulholland Drive, Inland Empire avec en point culminant le documentaire lui étant consacré The Art Of Life qui finira de le pendre au sommet de sa fainéantise, pardon, de son génie créatif.
Là où il prouva qu’il était capable de faire de réelles propositions de mise en scène, d’écriture (avec l’aide de Mark Frost) et d’apport au genre, cette troisième saison est symptomatique de l’homme qu’il est devenu. Un mélange de fainéantise et complaisance ne proposant plus rien de réellement intéressant, se tenant debout face à un miroir prêt à s’auto congratuler.
Un retour qui fait donc mal. Non pas par les retrouvailles de certains acteurs ayant vieilli (25 ans après, oui il y a un risque de vieillir) ni par son fond, car soyons honnête, les propositions de Frost sont intéressantes mais dans sa forme. Une forme cristallisée par une mise en scène molle et inutile, dont on nous sert des longueurs inutiles cassant toutes nouvelles situations, le tout appuyé par l’usage catastrophique du numérique, un nouveau jouet dont il aurait peut être fallu lui expliquer le fonctionnement.
En 18 épisodes, il reste encore le temps de convaincre, mais soyons honnête, la tarte est passée et le café a tourné pour Lynch, quand bien même la suite arriverait à créer la surprise (espérons le) ce serait par le talent narratif du Mark Frost et non pas par ce triste personnage étant venu prendre un joli chèque intelligemment négocié. Twin Peaks aurait du garder définitivement ses secrets.