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André Øvredal, réalisateur de Troll Hunter, ne manque pas d’ambition. Mais il manque de rigueur et d’idées permettant d’alimenter un film du début à la fin. Il le prouve à nouveau avec The Jane Doe Identity, dont la singularité ne tient une nouvelle fois pas sur la longueur.

La première heure de The Jane Doe Identity est un petit bijou de tension horrifique où confinés au cœur d’une salle d’autopsie, un père et son fils étudient le cadavre d’une jeune femme qui semble à la fois frais et éteint depuis des années. Si la photographie du film, très propre sur elle, semble au premier abord ne pas coller au sujet macabre traité, elle souligne habilement le professionnalisme des deux médecins qui traitent avec respect et détachement le corps d’une victime qui renferme bien des secrets. Nous sommes ici très loin des « films de morgue » sordides et froids tels que l’incroyable The Corpse of Anna Fritz de Hèctor Hernández Vicens ou le très dur Aftermath de Nacho Cerdà. Le superbe décor qui les entoure est aux antipodes des exemples précités, baigné de couleurs chaudes, couvert de photographies nostalgiques, nous sommes là dans une bâtisse familiale chaleureuse qui renverse habilement nos attentes. Scrutée par de lents mouvements classieux à la manière d’un John Carpenter, la morgue devient rapidement un personnage à part entière, se montrant de plus en plus inquiétante.

La longue autopsie de Jane Doe est alors habilement rythmée par la découverte d’indices – poignets fracturés, langue coupée, poumons cramés – donnant au récit l’aspect d’une enquête policière morbide où chaque partie du corps dévoile un peu plus les dernières heures vécues par la victime. Da façon assez inédite, tout le suspense du film repose sur l’étude de ce corps calciné à l’intérieur et d’une blancheur virginale à l’extérieur. André Øvredal parvient à captiver malgré l’unité de lieu, prenant soin de multiplier les angles de caméra et les idées formelles, conservant toujours le corps de Jane Doe au centre de tous les enjeux. C’est bel et bien elle, même morte, le véritable personnage principal du film. À mesure que leur enquête autour du cadavre s’intensifie, le fantastique s’immisce lentement dans le récit de façon naturelle, leurs découvertes respectant de moins en moins les règles de l’anatomie humaine. Par un astucieux travail sur les dialogues, les problèmes intimes du père et de son fils refont surface, ajoutant une sous-intrigue bienvenue à l’enquête corporelle. Elle permet aux deux excellents comédiens, Emile Hirsch et Brian Cox, de transformer cette nuit anecdotique en quelque chose de décisif pour leur relation.

Cependant, le cinéaste ne parvient pas à réunir habilement son intrigue intime à son récit fantastique. Comme c’était le cas dans le récent A cure for Life qui n’était pas non plus exempt de qualités, The Jane Doe Identity s’effondre aussi totalement sur lui-même dans son dernier tiers en abandonnant soudainement son ambiance intriguante et doucement inquiétante pour verser d’un coup dans l’effroi artificiel et redondant. Là où le réalisateur brillait auparavant par la sobriété et la parcimonie avec laquelle il faisait avancer son intrigue fantastique, se reposant totalement sur ses choix visuels, il en vient malheureusement à tout expliquer par des dialogues lourds et ampoulés qui cassent le réalisme si soigneusement obtenu antérieurement. L’exercice du film d’horreur en huis clos est extrêmement complexe et là où les récents Don’t Breathe et 10 Cloverfield Lane parvenaient à exploiter leur concept jusqu’au bout, le film d’André Øvredal ne se montre finalement pas à la hauteur de son ambitieuse note d’intention.

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