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Abyss suit logiquement Aliens dans la filmographie de James Cameron. Bercé depuis ses 3 ans (soit toute sa vie en terme de mémoire) au doux son des chutes du Niagara, l’eau obsède naturellement le réalisateur. Sa passion pour cet élément engendre l’un des tournages les plus difficiles de toute l’histoire du cinéma. Il tutoie la mort pendant la production, ainsi Cameron emmène son spectateur dans les abysses qu’il a lui-même empruntées.

Après Terminator, Abyss est certainement le film dans lequel Cameron s’est le plus plu à imposer sa griffe. Pour offrir une œuvre riche à son public, le réalisateur a compris qu’il lui fallait parler de lui-même. Abyss est un film garni de touches personnelles avec une palette forte en influences cinématographiques. En gros, James Cameron avoue ouvertement que son film préféré est 2001 L’Odyssée de l’Espace, qu’il est obsédé par Das Boot et que lui aussi est capable de créer une œuvre de science-fiction à l’ancienne. C’est certainement ce dont souffre le plus Abyss. Le public attendait le prochain Cameron avec hâte. Après Terminator et Aliens, il pensait voir un film de SF horrifique avec des grosses bêtes qui hanteraient nos pires nuits. C’est là que le jeune auteur surprend. Abyss n’est ni plus ni moins qu’un film de science-fiction classique avec une réflexion sur la vie, du drame et quelques extra-terrestres plus attachants qu’effrayants.

Avant de commencer le tournage d’Abyss, Cameron était déjà un plongeur accompli. Le canadien attendait l’opportunité de conjuguer cinéma et activités aquatiques depuis le début. Si c’est une bonne nouvelle pour lui, ça l’est moins pour le reste de son équipe technique et ses acteurs. Abyss s’est trainé une sale réputation à cause d’un journaliste de Variety qui avait interviewé Ed Harris et Mary Elizabeth Mastrantonio entre autres, le casting ayant insisté sur la difficulté du tournage afin de se donner un certain crédit et le reporter a cru lire de la souffrance entre les lignes. L’équipe s’est dite plutôt fière d’avoir participé à cette production malgré la difficulté de tournage. Mais comme les rats présents sur le plateau, personne n’a réellement souffert. Même si Cameron a joué au dictateur une fois sous l’eau avec un casque qui permettait de parler à son équipe puis de les entendre alors qu’eux même ne pouvaient pas répondre. Un joujou sur mesure pour le réalisateur. Cependant, le futur oscarisé ne s’est pas toujours amusé. Alors que son assistant devait surveiller sa jauge d’air, il s’est retrouvé à plus d’1 km de profondeur sans air pour remonter. La peur est une option pour Jim, il enlève le matériel qu’il porte sur lui qui pèse une tonne et son casque puis remonte en apnée. La moindre erreur de respiration aurait eu une répercussion mortelle. Sayonara en moins d’une seconde. Une fois à la surface, Cameron frappe violemment son assistant et attendra le soir pour le virer. Il fait réparer son casque et repartira cinq minutes après l’incident.

Une équipe qui prend des risques et un cinéaste qui frôle la mort pour un film donne forcément un résultat intéressant. Abyss donne clairement le ton dès le début avec son coté métaphysique. La panne inexpliquée du sous-marin due à un objet non identifié rappelle clairement le monolithe dans 2001 l’Odyssée de l’Espace. D’ailleurs, ce facteur rodera tout au long du film, les créatures possèdent un pouvoir magnétique. Surtout pour prouver aux humains qu’ils sont supérieurs et qu’ils peuvent tout arrêter à tout moment. Un peu comme dame nature ou une bombe nucléaire. Ils sont cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Aujourd’hui on pourrait même voir un rapprochement avec le réchauffement climatique. Des sujets qui trottent dans la tête de Cameron depuis l’enfance quasiment (surtout le nucléaire). Mais en plus de parler de la mort, l’auteur s’interroge aussi sur la vie. La renaissance ou la deuxième chance. L’amour qui est au centre de chaque destin sur cette planète.

Beaucoup ont cru voir Cameron transférer son histoire avec Gale Anne Hurd (qui produit le film) au sein du scénario mais il n’en est rien. Lorsque le réalisateur de Terminator a écrit le scénario, il filait le parfait amour avec sa femme. La séparation qui ronge Virgil Brigman/Ed Harris et Lyndsay Brigman/Mary Elizabeth Mastrantonio n’a rien de personnel. Peut-être prémonitoire, mais Cameron va attendre True Lies en 1994 pour s’exprimer clairement sur le mariage. Quoi qu’il en soit, les personnages qui se déchirent dans un espace confiné pour exacerber l’angoisse des profondeurs, évoluent malgré tout dans ces boyaux métalliques. Le danger n’épargne pas le groupe alors qu’ils sont à des kilomètres de la surface. Michael Biehn/Lieutenant Hiram Coffey apportera le soupçon de thriller dont Abyss avait besoin. L’acteur est méconnaissable dans son nouveau rôle pour James Cameron, Kyle Reese qu’il campe dans Terminator est loin du profil de psychopathe qu’il incarne pour Abyss. Il est comme le remord de la bombe destructrice. Déjà hanté par sa mission qu’il pense irréversible. Il représente le pessimisme et la mort, tandis que deux autres faces se dessinent à travers le film : la vie et l’amour. Et quoi de mieux qu’un pseudopod (tentacule d’eau) brillamment mis en place par ILM et imaginé par James Cameron pour interpréter tout ça ? De cette entité nait l’espoir, la communication, le futur donc la vie.

C’est à partir de là que le film dresse une métaphore plutôt intéressante de la naissance à la vie. Le pseudopod alarme l’équipe et conduit indirectement Virgil Brigman à agir pour la survie de l’équipage. Pour ce faire, il devra enfiler un casque spécial rempli d’un liquide respiratoire (qui rappelle les 9 premiers mois de la vie). Ensuite, il descendra dans les profondeurs avec quelques perturbations et restera seul un moment dans le noir avec une voix féminine pour le rassurer. Une pure métaphore de la grossesse. On peut aussi penser que Virgil descend dans les abysses comme il descend en lui ou en chaque homme, avec une peur de voir ce qu’il y a au fond. Et c’est là qu’il trouvera la vie, une renaissance et un œil nouveau sur le monde grâce à la créature « divine » qui viendra l’accueillir avec des images glaçantes de notre histoire. L’amour sauve des vies et surtout celle de Virgil Brigman. Ce sentiment universel est aussi important que des poumons. L’ambivalence des émotions de la créature extra-terrestre à l’égard de la race humaine est évidente, mais malgré les guerres, l’amour qu’il octroie reste vainqueur.

Abyss, une leçon de vie de la part de James Cameron ? Certainement pas. Juste le désir de faire une œuvre classique et de sortir du genre horrifique pour parcourir d’autres terrains. Malheureusement, le film n’a pas eu le succès escompté à sa sortie car les studios ne savaient pas comment le vendre, mais il cartonnera dans sa version VHS et DVD. Près de 30 ans plus tard, Abyss n’a pas pris une ride et Cameron aura réussi à faire de ce film une œuvre intemporelle aux allures classiques.

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