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Absente du grand écran depuis quasiment 25 ans, la franchise la plus décadente du jeu vidéo de baston y revient avec ce « reboot » par le pubard Simon McQuoid. Ce nouveau Mortal Kombat était plein de promesses, grâce à sa communication savamment orchestrée, mais aucune n’est tenue. Pour les fans comme pour les profanes, ce Mortal Kombat est une honte de la première à la dernière minute.

Au début des années 90, alors qu’un certain Street Fighter II règne en maître dans le petit monde des jeux de baston, débarque Mortal Kombat. Que ce soit sur en arcade, puis sur Super Nintendo ou Mega Drive (avec toutefois une intervention de la censure), ce fut un véritable choc. Des personnages qui sont des des acteurs en costumes filmés puis numérisés et intégrés dans les décors, un gameplay innovant avec des combinaisons de touches complexes, beaucoup de sang, et ces incroyables fatalités, des mises à mort en fin de combat très gores et nécessitant des combinaisons de touches à s’arracher les cheveux. Et tout cela dans un univers gonzo qui mélangeait des mythologies chinoises, japonaises et occidentales. Un hit en puissance, qui trouva rapidement le chemin d’une adaptation au cinéma. En 1995, Kevin Droney en tire un semblant de scénario et le britannique Paul W.S. Anderson pose ses valises à Hollywood pour le mettre en scène. Le reste appartient à l’histoire, un film pas terrible mais extrêmement attachant, très proche des sensations que procurait le jeu vidéo et porté par l’incroyable thème « Techno Syndrome » issu du CD de la bande originale du jeu. Et puis il y avait Christopher Lambert en Raiden. La suite sortie 2 ans plus tard et réalisée par le directeur de la photographie John R. Leonetti virait au Z complet mais gardait ce petit charme du grand n’importe quoi. Pendant 25 ans, la franchise a continué sur différentes consoles, avec quelques opus vraiment magnifiques et toujours plus violents, avec toujours plus de personnages et toujours dans cette grande tradition de grand n’importe quoi fourre-tout extrêmement jouissif. On pouvait donc légitimement s’attendre à retrouver cet esprit décadent dans cette nouvelle adaptation cinématographique de Mortal Kombat. Et bien, pas du tout. Pourtant, ce troisième film attendu depuis des années, passé par le development hell, semblait parti sur de bonnes bases quand il refit surface en 2011 grâce à Kevin Tancharoen et son court métrage Mortal Kombat: Rebirth. Le script signé Oren Uziel était probablement plus en phase avec l’univers du jeu vidéo que ce qu’ont fini par en faire Greg Russo et Dave Callaham, tout aussi responsables de cet échec artistique que le réalisateur Simon McQuoid. Quoi qu’il en soit, toute cette équipe a réussi à passer complètement à côté de tout ce qui fait le charme de Mortal Kombat, et c’est une sorte d’exploit.

Dans une industrie où les oeuvres sont tiraillées entre le désir de produire des choses extrêmement sérieuses et celui de succomber à l’humour cynique ou de bas étage, seuls les auteurs les plus intelligents et solides sont capables de bâtir quelque chose d’intéressant. Ici, il est question d’adapter Mortal Kombat, un jeu de baston complètement WTF et qui, en dehors de quelques éléments sur ses derniers opus vidéoludiques, n’a absolument rien de sérieux. On s’attend donc, au cinéma, à un film d’action complètement bis, crétin et violent. Et surtout, on s’attend à un film de tournoi, genre un peu tombé aux oubliettes et pourtant si jubilatoire. Ou au moins à un vrai film d’action, avec de la bagarre et du sang, et des punchlines de kékés. Malheureusement, dans le traitement choisi pour ce Mortal Kombat, on ne retrouve quasiment que les punchlines en question, les plus beaufs de surcroit, tombant la plupart du temps comme un cheveu sur la soupe. Et elles sont pour la plupart confiées au personnage de Kano, campé par un Josh Lawson qui en fait des caisses, devenant rapidement insupportable. Les premières minutes du film (dévoilées avant même la sortie) tentent vainement d’imposer une tonalité extrêmement sérieuse. Avec un Sub Zero qui vient massacrer la famille d’un guerrier japonais (qu’on sait être Scorpion) en plein Japon féodal, et donc un premier affrontement entre les deux personnages les plus iconiques de toute la franchise. Et accessoirement un combat entre Joe Taslim, nouveau monstre du cinéma d’action aux capacités martiales impressionnantes, et Hiroyuki Sanada, peut-être l’acteur japonais le plus connu en Occident et accessoirement très grand acteur. On est donc immédiatement face à l’affrontement mis en avant par la promo du film, ce duel entre les deux « ninjas », et il ne tient la route ni dans son intensité, ni dans sa durée, ni dans sa mise en scène, ni dans sa brutalité… c’est mou, mal monté, et c’est pourtant le meilleur fight de tout ce Mortal Kombat. Ce décorum si séduisant du Japon féodal ne sert finalement à rien, si ce n’est à faire de fausses promesses. Par la suite, même sur un plan purement visuel, le film devient extrêmement pauvre. Les décors sont peu variés et paraissent bien cheapos, tout comme les costumes ou des effets numériques pour la plupart pas au niveau des attentes à ce niveau de budget.

Face à un film Mortal Kombat, on ne s’attend évidemment pas à du Terrence Malick ou du Steven Spielberg, et c’est typiquement le genre de projet face auquel on peut passer outre un scénario qu’on attend comme prétexte. Mais prétexte à autre chose. De l’action, de l’outrance, du rythme, du spectacle, du sang et tant d’autres possibilités. Sauf que là, non. On nous sort une origin story toute pourrie autour d’un personnage nommé Cole Young et créé spécifiquement pour ce film. Un personnage de combattant de MMA qui se prend des branlées, sans le moindre charisme (la faute autant à un Lewis Tan peu impliqué qu’à une écriture catastrophique) et qui héritera du « pouvoir » le plus inutile de l’univers (en gros, une sorte d’armure pour le haut du corps qui ressemble à celle d’Aquaman et des tonfas magiques). A croire que dans la bonne centaine de personnages disponibles dans la totalité des épisodes vidéoludiques, aucun ne convenait pour ce reboot de la franchise au cinéma. Quoi qu’il en soit, le film est centré sur ce personnage inintéressant qui va se noyer dans une multitude de clins d’oeils faciles et bien souvent pas à leur place. Qu’il s’agisse de personnages, de répliques, de coups (la répétition des balayettes de Liu Kang, déjà très agaçante dans le jeu), tout est fait pour crier au spectateur « on vous jure, on a fait un film Mortal Kombat, regardez il y a même les fatalités ». Le problème, c’est que tout le monde a beau forcer comme ce n’est pas permis, le film ne ressemble jamais à du Mortal Kombat. La violence tant louée n’est que tristement épisodique, chaque scène de combat dure le temps d’un éclair, les capacités des personnages ne sont jamais utilisées intelligemment quand ils ne sont pas carrément tournés en ridicule. Sur ce point, le traitement de Goro, un des boss majeurs du jeu tout de même, est une honte absolue.

On passera rapidement sur les incohérences d’un scénario qui ne sait pas trop où il va, car après tout ce n’est pas ce qu’on attend d’un film Mortal Kombat. On attend de la baston, un tournoi, des hectolitres de sang et sur ces points le film est extrêmement radin. Les acteurs, y compris les très grands dont Tadanobu Asano, sont tous mauvais comme des cochons, et même le duel tant attendu entre Scorpion et Sub Zero, expédié à la va comme je te pousse, ne tient pas ses promesses alors qu’il était quand même largement mis en avant sur les affiches. Les chorégraphies des combats sont sans aucun intérêt, d’autant plus qu’elles sont rendues peu lisibles par un surdécoupage extrêmement agaçant. Quant à Simon McQuoid, il aurait mieux fait de suivre sa première intuition et de ne pas accepter ce projet. S’il avait su faire preuve d’un certain talent à travers ses pubs, sa mise en scène est ici complètement transparente, sans aucune valeur ajoutée. Avec tous les défauts bien réels qu’on peut lui trouver, le Mortal Kombat de Paul W.S. Anderson transpirait l’amour pour le matériau original mais également la générosité pour proposer un spectacle certes déviant mais qui ne mentait pas sur la marchandise. Ici, tout est plat, chiant, sans idée et moche. Il n’y a absolument rien à quoi se raccrocher qu’on soit amateur du jeu ou non. Le naufrage de Warner, ex-studio « director friendly », se poursuit de façon tragique avec cette origin story dont on espère aucune suite même si l’introduire est son unique objectif.

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Gigantesque blaireau qui écrit des papiers de 50000 signes absolument illisibles de beaufitude et d'illettrisme, d'après Vincent Malausa.

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