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Quand deux cascadeurs de renom passent à la réalisation et acceptent de soutenir un Keanu Reeves en panne de projets excitants, cela donne John Wick, une petite série B un brin survendue lors de sa sortie mais qui fait le job. Dans le genre du concept très simple pour un film de vengeance à l’ancienne au bodycount qui affole les compteurs, John Wick se pose là. Et c’est finalement amplement suffisant.

Depuis le milieu des années 90 les noms de Chad Stahelski et David Leitch sont au générique de quelques gros morceaux du cinéma d’action, de Matrix à Speed Racer, en passant par John Rambo et Tron : l’héritage. Deux cascadeurs et responsables des cascades, Chad Stahelski étant notamment la doublure de Keanu Reeves dans la trilogie Matrix. Ils se retrouvent grâce à l’acteur, qui les a d’abord contactés pour s’occuper uniquement des scènes d’action, à mettre en scène ce script signé Derek Kolstad, jusque là auteur pour de l’actioner en DTV comme Killers Game avec Steve Austin et Dolph Lundgren. A la technique, les deux « jeunes » réalisateurs se payent les services du directeur de la photographie Jonathan Sela, qui avant de se fourvoyer dans les horribles Max Payne et Die Hard: Belle journée pour mourir, avait signé la photo pas dégueulasse de Midnight Meat Train et Confession d’un cannibale. Une bonne petite équipe, avec quelques seconds rôles savoureux. De quoi se faire plaisir sans se prendre trop au sérieux.

Le concept de John Wick est simplissime. Des vilains russes entrent par effraction chez un type qui n’a rien demandé, buttent son petit chien (ultime cadeau de sa femme morte récemment), lui cassent la gueule à coups de barre de fer et lui piquent sa bagnole (une somptueuse Mustang de 1969). Évidemment, tout cela le met un peu en colère, d’autant plus que le type en question est une véritable machine à tuer qui avait pris sa retraite. John Wick renoue avec une certaine tradition de la série B qui avait disparu des écrans de cinéma pour fleurir en vidéo, avec un petit parfum 90’s jusque dans ses excès. Les deux réalisateurs tentent tant bien que mal à insuffler un peu d’émotion dans tout ça à coups de flashbacks, apportent des cassures de rythme en déconstruisant certaines séquences, mais ne peuvent pas cacher leur véritable ambition. Une ambition tout à fait louable, celle d’iconiser au maximum leur anti-héros pour habiller du mieux possible une intrigue qui reste, avouons-le, au ras des pâquerettes. Et si Chad Stahelski et David Leitch se vantent de s’inspirer d’un cinéma irrévérencieux des années 70, jusqu’à faire un hommage franc au Cercle rouge de Melville (de l’anti-héros mutique au nom d’un club, sans grande subtilité), leur véritable modèle se nomme évidemment The Killer de John Woo. Ou ses ersatz américains du genre Un Tueur pour cible.

Il n’y a rien de bien original dans John Wick. Dans ses divers éléments, dans son intrigue ou dans une mise en scène chiadée mais sans grandes idées, on navigue dans des eaux déjà vues des dizaines et des dizaines des fois. Pourtant, malgré des tares assez évidentes, le film fonctionne. D’abord car le film se montre assez généreux dans son action et assume son côté bourrin. Ensuite car même s’il n’évite pas la répétition dans ses séquences d’action, il sait mettre en valeur l’efficacité de son héros qui butte des mafieux russes avec une ou deux balles maximum. Enfin car Keanu Reeves, avec son jeu monolithique, incarne à la perfection cet ange de la mort assouvissant sa vengeance froide et d’une violence extrême.

Cependant, au rayon des idées malvenues, il convient de noter ce choix étrange d’aller plutôt decrescendo au niveau de l’action. En effet, il ne faut pas s’attendre à une apocalypse finale tant le film donne tout ce qu’il a dans ses 2 grosses séquences de gunfight, dont une située dans le premier acte. L’affrontement final parait ainsi bien fadasse, la nature de l’ultime adversaire y étant pour beaucoup. Néanmoins, si John Wick est loin d’être ce parangon du cinéma d’action qui nous a été survendu, le découvrir dégagé de toute hype permet d’en apprécier son caractère foncièrement régressif, son absence de subtilité flagrante, et la fainéantise de son scénario, au service d’une iconisation à outrance d’un personnage immédiatement attachant. Et ce même si les auteurs en font des tonnes pour forcer sur le drama, ce qui n’était pas foncièrement nécessaire tant le personnage en lui-même suffit. Il s’agit au final d’une « origin story » assez basique visant à lancer une franchise, sous des airs de petite série B sans grande prétention mais qui assure le job : illustrer la vengeance froide et expéditive d’une machine à tuer peu prolixe et diablement efficace. Ni meilleur ni moins bon que des tonnes de films du même genre qui sortent habituellement directement en DVD, mais clairement attachant et parfois même très euphorisant.

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6
10

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Auteur

Gigantesque blaireau qui écrit des papiers de 50000 signes absolument illisibles de beaufitude et d'illettrisme, d'après Vincent Malausa.

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