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Avant que nous disparaissions : rencontre avec Kiyoshi Kurosawa

Venu sur la croisette présenter son nouveau film, Avant que nous disparaissions, en sélection à Un certain regard, Kiyoshi Kurosawa a répondu à nos questions autour d’une table ronde en compagnie d’autres journalistes. L’occasion pour le cinéaste d’évoquer avec générosité son nouveau long métrage et l’influence du cinéma de science-fiction sur son œuvre.

Certaines scènes d’Avant que nous disparaissions, notamment les interactions entre les humains et les extraterrestres, rappellent le cinéma dIshirô Honda. Ce dernier a-t’il eu une influence particulière sur la réalisation de votre film ?

J’ai vu de nombreux Kaiju Eiga (films de monstres géants ndlr) étant enfant et j’ai bien sûr été influencé par ce type de cinéma. Ishirô Honda était le maître en la matière, il a aussi réalisé des films d’horreurs qui m’ont beaucoup marqué. Je ne saurais dire quelle partie de mon film a été influencée par lui, mais il a définitivement laissé une trace dans ma cinéphilie.

Vous êtes-vous inspiré d’œuvres de science-fiction américaines des années 50? On pense notamment à L’invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel

Bien sûr ! J’étais trop jeune dans les années 50 pour voir la première version. J’ai d’abord vu le remake de Philip Kaufman. Ce n’est que par la suite que j’ai pu voir la version de Siegel. Je me suis pas mal inspiré de ces films.

Il y avait une peur de l’atome dans les années 50, de nombreux films de l’époque l’ont utilisé comme vecteur principal. Avez-vous fait de même avec la situation actuelle ?

Mon film appartient à un sous-genre particulier de la SF, le film d’invasion. Quelle que soit la période durant laquelle ce type de film a été fait, cela a toujours été un prétexte pour proposer une réflexion sur la société, ses peurs et sa situation militaro-politique. Il n’est pas rare de voir ce genre user de métaphores sur le contexte de l’époque. On a eu la Guerre Froide durant les années 50, et ce conflit a nourri de nombreux films durant cette période. C’est un peu aussi le cas de mon film, qui s’inspire un peu du climat actuel.

Y a t’il des similitudes entre les fantômes de Kaïro et les extraterrestres d’Avant que nous disparaissions ?

Je ne pense pas. Kaïro est une idée originale alors qu’Avant que nous disparaissions s’inspire d’une pièce de théâtre. Cette dernière est vraiment magnifique, je me suis basé sur le motif de l’invasion d’extraterrestres prenant le contrôle du corps humain pour donner naissance à mon film. Ce qui est intéressant, à mon sens, dans l’histoire, c’est l’évolution de Shinji. Il part de zéro avant de s’octroyer les attributs d’autrui, devenant ainsi une personne totalement différente. Les extraterrestres cherchent à ressembler à des humains, pas totalement mais presque. Dans Kairo, les fantômes étaient auparavant des humains. D’une certaine manière, on se retrouve dans les deux cas, avec des personnages n’étant plus les humains qu’ils étaient.

Dans les films de « Body Snatchers » américains, la contamination est vue comme quelque chose de néfaste, dans votre film elle apparait comme une libération cathartique pour l’hôte.

Comme je l’ai dit auparavant, ce type de film possède une grosse portée métaphorique vis-à-vis de la société. Mon film est, quelque part, une métaphore de la guerre. On se pose souvent la question au Japon quant à l’avenir du monde. Est-ce qu’il y aura une nouvelle Guerre mondiale ou pas ? On vit dans une peur perpétuelle qui ne cesse de grandir, et c’est ce que j’ai cherché à retranscrire.

Pour rebondir sur cette idée de personne qui repartirait de zéro, comment vous sentez-vous aujourd’hui ? Est-ce que vous souhaiteriez en faire de même ?

Très bonne question. J’aurais aimé pouvoir le faire, un peu comme un ordinateur que l’on rebooterait. Cela dit, je ne suis pas certain d’être à nouveau moi, mais une autre personne plutôt. C’est le genre de sentiment qui aurait tendance à m’inquiéter.

Vous écrivez vos propres scénarios et adaptait des livres. C’est la première fois que vous adaptez une pièce de théâtre. Était-ce différent ? Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

C’était un petit challenge en effet. Quand on jette un œil à la pièce, il y a des dialogues qui s’y imbriquent parfaitement mais qui risquaient d’être moins efficaces à l’écran. J’avais également peur que certains concepts soient moins compréhensibles à l’écran.

Avez-vous effectué des changements importants par rapport à la pièce ?

J’ai fait quelques changements mais les personnages de Shinji et Narumi sont relativement les mêmes. Il n’a y que Sakurai le journaliste qui évolue différemment dans le film, dans la seconde partie notamment. J’ai injecté un peu plus de matière dans ce personnage, qui n’était pas vraiment développé dans la pièce.

Pourquoi avoir utilisé des lens flares et des ombres lors de certaines scènes avec les extraterrestres ?

C’était pour moi une façon d’utiliser des effets spéciaux à moindre coût. C’était également un moyen de souligner l’aspect comique de certaines scènes. Pour en revenir à l’humour justement, la plupart des scènes où les extraterrestres volent l’entité de leurs hôtes sont assez comiques mais la fin du film est assez dramatique, notamment quand le concept d’amour est retiré de Narumi . C’est pour moi l’apogée du film. Si toutes les scènes drôles arrivent à faire ressentir la douleur lors du dernier acte, je pense avoir atteint mon but.

Le début de votre film s’inscrit dans le genre du « Body Snatchers » mais la fin est très différente. On pense d’avantage à Rencontres du troisième type ou Le jour où la terre s’arrêta. Là où un film récent comme Premier Contact se veut sombre et réaliste, le votre se veut plus humain et optimiste. Ce dernier acte est t’il issu de la pièce ou bien porte t’il votre marque ?

Elle vient de moi. Dans la pièce de théâtre il y a vers la fin une scène où l’épouse se voit déposséder de l’idée d’amour, sans qu’il n’y ait rien d’autre après. Il n’y avait également aucune scène concernant le journaliste. J’ai rajouté des éléments car on n’arrivait pas à savoir à l’origine, ce qu’il advenait de la Terre et de ce couple.

Remerciements à David Veerasawmy pour la traduction, et Rachel Bouillon pour avoir rendu cet entretien possible.

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