Aujourd’hui c’est Cedric Depaepe, chroniqueur pour les podcast Mangacast, Le Cri du Mochi, et récemment co-fondateur du podcast Cellulorama, qui revient sur sa passion du cinéma, à travers l’importance qu’ont pu avoir de nombreux passeurs dans son parcours cinéphilique.
Mon rapport au cinéma, si je devais le résumer, se forme de 3 grosses périodes
Mon premier souvenir de cinéma remonte à mes 5 ans, quand ma mère m’emmena voir Le Roi Lion dans un petit cinéma de quartier de Pantin (qui, pour l’anecdote, arrêta de diffuser des films du circuit traditionnel pour passer de plus en plus de films Bolllywoodiens avant de fermer définitivement ses portes au début des années 2010). Cette séance m’avait profondément marqué. Le sentiment de voir des images s’animer devant soi sur un si grand écran avait (et a toujours je pense) quelque chose d’incroyable pour moi.
C’est dans ce cinéma que j’ai vécu mes premières émotions de cinéma. J’ai un souvenir flou qu’à cette époque, on m’emmenait voir au moins un film par semaine, principalement des dessins animés, mais pas que… Hook, Jurassic Park, Les visiteurs, Last Action Hero, du moment que ce n’était pas trop « adulte » c’était ok. J’ai surtout le souvenir que l’on pouvait arriver en retard de 30 min, voir quand même le film, puis attendre la séance d’après dans la salle et voir les 30 min manquantes avant de repartir. D’ailleurs c’est à cause de cette « tradition » familiale qu’un jour en 1999, on m’emmena voir un petit film du nom de Matrix pour lequel j’éprouvais un rejet pendant de nombreuses années. Il faut dire qu’arriver en plein pendant la scène d’interrogatoire de Neo par l’agent Smith qui lui fait fermer la bouche avant de lui insérer un insecte dans le nombril n’était peut-être pas la meilleure séquence pour appréhender le film des soeurs Wachowski.
Au final, malgré quelques erreurs de parcours, cette époque fut décisive pour mon rapport au cinéma, à l’art et au monde. Pour moi la vie n’a de sens qu’à travers l’art et le cinéma reste mon médium favori avec le manga et le jeu vidéo. J’aborde le cinéma comme une palette de couleurs infinies ou chaque film représente une nouvelle gamme de coloris. Chaque réalisateur a ses couleurs fétiches et j’aime énormément essayer de trouver lesquelles sont ses favorites. Cette vision de l’art est arrivée pendant ma 2e époque de découverte cinématographique : l’adolescence.
Cette période fut l’occasion d’expérimenter, de découvrir et de lever le voile sur énormément de choses qui restaient des mystères pour moi artistiquement parlant. J’eus enfin l’occasion de voir mes 1es films d’horreur, qui n’étaient jusqu’alors que d’horribles et curieux instantanés que je pouvais apercevoir dans les bandes-annonces des VHS ou sur les panneaux publicitaires. Halloween, Scream, Freddy, Evil Dead… la liste est longue et j’ai été hanté par de nombreuses visions venant enrichir mon coffre à références personnel.
En plus de tout ça, l’arrivée du DVD et du Divx fut l’occasion de découvrir encore plus de films et de séries qu’auparavant. Le Roi Singe de Stephen Chow, le Viewaskuniverse de Kevin Smith, Grégoire Moulin contre l’humanité du regretté Artus de Penguern… avec ces outils, le cinéma n’avait plus aucune frontière !
Enfin je ne peux pas ne pas mentionner ma rencontre avec mon meilleur ami, dont les discussions, débats et visionnages communs m’ont aidé à pouvoir parler de ce que j’aimais ou pas dans une oeuvre. Les années 2000 c’était encore l’époque où être un Geek/Nerd/Otaku revenait à avoir une pancarte indiquant que tu étais un animal de foire. Alors quand tu avais l’occasion de trouver une personne qui partage tes centres d’intérêt, tu prenais tout ce que tu pouvais prendre de cette rencontre. Grâce à lui j’ai par exemple pu découvrir le monde des Nanars et du cinéma bis.
Pour finir, je dirais que la dernière période importante pour ma cinéphilie est celle que je vis depuis plusieurs années maintenant avec l’arrivée de l’internet à haut débit, de Youtube et de la multiplication des divers passeurs de culture populaire.
La découverte et la rencontre de plusieurs auteur-ices, vidéastes, journalistes ou blogueurs m’ont énormément apporté dans mon rapport aux autres et à l’art. Ils donnent vie par leurs mots et images à pas mal de choses que j’ai en tête et m’ont permis encore une fois de combler les trous de ma culture personnelle. Je citerais pêle-mêle la team Capture Mag avec Rafik Djoumi, Stéphane Moïssakis, Julien Dupuy et Yannick Dahan; La chaine Le ciné-club de M. Bobine; Karim Debbache avec ses émissions Crossed & Chroma, Les séances Panic! Cinéma présidées par Marie Casabonne, La chaine Cinéma & Politique de Clémentine, etc.
Au final je pourrais écrire encore longtemps sur tout ce que le cinéma m’a apporté et m’apporte encore chaque jour. Je pourrais parler de mes films et cinéastes favoris, de mes plus grosses expériences de cinéma, des connexions que je tisse entre le monde du manga, du cinéma, du jeu vidéo, du comics etc. Mais je pense que l’on découvre mieux les gens sur le long terme que sur un simple jet. Du coup si mes palabres vous ont intrigué un minimum, je vous invite à écouter les émissions où j’interviens et si le coeur vous en dit, à échanger votre vision du cinéma et de la culture populaire.
Cedric Depaepe
Propos recueillis par Yoan Orszulik, vous pouvez retrouver Cedric Depaepe sur les podcast Mangacast, Le Cri du Mochi et Cellulorama, ainsi que sur Twitter et Instagram.