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L’héritage des 7 samouraïs

À l’occasion de la projection des Sept Samouraïs en copie restaurée 4K à la section Cannes Classics du Festival de Cannes 2024, retour sur l’héritage du chef d’oeuvre d’Akira Kurosawa. Le sujet est vaste, le film de 1954 ayant influencé l’ensemble du 7ème art, de la narration à la mise en scène de l’action, jusqu’au rayonnement international du cinéma japonais. Plutôt qu’une analyse, retour sur quelques films, marqués par l’épopée de Kanbê Shimada et ses acolytes. 

Les Sept Mercenaires

L’exemple le plus connu et évident. Initié par la star Yul Brynner, après le rachat des droits du film de Kurosawa par le producteur Lou Morheim, le film de John Sturges reste surtout connu pour sa distribution prestigieuse composée de futures légendes du cinéma américain : Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, etc. Au départ enchanté par le résultat final, au point d’offrir un sabre en signe d’honneur, Kurosawa dénigrera le résultat quelques décennies plus tard. Néanmoins le film de Sturges reste encore aujourd’hui un western très honorable, au point d’avoir était une porte d’entrée sur le genre pour de nombreux novices. Il reste à ce jour un exemple souvent cité, à juste titre, dans le registre de remake réussi, témoignant du talent versatile de Sturges. Les Sept Mercenaires engendrera plusieurs suites, une série télé, ainsi qu’un remake en 2016 signé Antoine Fuqua. 

Kill, La forteresse des samouraïs

Au même titre que Masaki Kobayashi, Hideo Gosha ou Kenji Misumi, Kihachi Okamoto fait partie des grands noms du cinéma japonais ayant explosé durant l’après-guerre. Un cinéaste franc-tireur, véritable formaliste, et génie du cadre jouant sur une approche tridimensionnelle de la profondeur de champ. Connu pour ses oeuvres sombres et subversives, comme Le Sabre du Mal ou Samouraï, Okamoto est également l’auteur de longs-métrages plus lumineux, notamment Kill, la forteresse des samouraïs en 1968. À travers le parcours tragi-comique de deux rōnin devant venir en aide à sept samouraïs assiégés dans leur forteresse, Okamoto propose une oeuvre picaresque dans la lignée de son méconnu Warring Clans. Il réorchestre également avec brio les éléments du classique de Kurosawa, ainsi que ceux de Yojimbo, avec lequel il partage l’un de ses interprètes, le légendaire Tatsuya Nakadai

Sholay

Le récent regain d’intérêt du public international pour le cinéma indien est l’occasion idéale pour remettre à l’honneur l’un de ses grands classiques : Sholay. Cinéaste et producteur prestigieux ayant officié des années 70 jusqu’au milieu des années 90, Ramesh Sippy livre en 1975 cette extraordinaire relecture indienne des Sept Samouraïs. Les rōnins sont ici deux malfrats, interprétés par les superstars Dharmendra et Amitabh Bachchan, qui sous l’impulsion d’un ancien inspecteur à qui ils ont sauvé la vie, vont défendre un village. Le film de Sippy est une véritable épopée mariant divers genres : comédie à la Spencer-Hill, tragédie, romance ou encore Western Spaghetti hérité de Sergio Leone, notamment lors d’un flashback reprenant celui d’Il était une fois dans l’Ouest. Un véritable idéal de cinéma, doublé d’une superbe histoire d’amitié, qui aura influencé de nombreux films, dont le récent chef d’oeuvre de Karthik Subbaraj : Jigarthanda DoubleX

Les mercenaires de l’espace

Bien avant Rebel Moon de Zack Snyder, le regretté Roger Corman supervisa une relecture Space opera du classique de Kurosawa. Plus gros budget de sa compagnie New World Pictures, 2 millions de dollars, cette production cherchant à profiter du succès de Star Wars (film hautement marqué par l’influence de Kurosawa), est surtout l’occasion d’assister aux premiers pas de nombreux talents. Le réalisateur Jimmy T. Murakami, le scénariste John Sayles (qui s’amusera à baptisé la planète du récit Akir), le monteur R.J. Kizer, les techniciens SFX Alec Gillis, Randall Frakes, Dennis et Robert Skotak, le compositeur James Horner, et bien sur James Cameron. Le futur réalisateur de Terminator, Titanic et Avatar ayant officié à divers postes importants. Il y a quelques années, ce dernier, en remerciement à la chance que lui avait donné Corman à ses débuts, envisagea de produire un remake des Mercenaires de l’espace

Seven Warriors

Une production méconnue de Sammo Hung, qu’il co-réalisa en sous-main. Seven Warriors, transpose le récit des Sept Samouraïs au début du 20ème siècle dans la Chine des seigneurs de guerre. L’occasion pour le génie Hongkongais de livrer une oeuvre atypique mariant comme à son habitude humour cruel, combats spectaculaires, tragédie subversive et dévotion envers ses modèles cinématographiques. L’ensemble apparait comme un condensé/laboratoire des figures et thématiques chères au cinéaste de L’exorciste chinois et Eastern Condors. Le combat baroque ouvrant le long-métrage apparait même comme un brouillon de la monstrueuse introduction de son futur chef-d’oeuvre Blade of Fury. À cela, s’ajoute la présence d’une distribution prestigieuse: Adam Cheng, Jacky Cheung, Fui-On Shing, Teresa Mo, Lo lieh, Philllip Kwok, Wu Ma ou encore le jeune Tony Leung Chiu-wai. Une oeuvre qui mériterait de sortir de l’oubli. 

Shogun’s Shadow

En 1989, la même année que Seven Warriors, le japonais Yasuo Furuhata, épaulé par le légendaire acteur chorégraphe Sonny Chiba, réalise Shogun’s Shadow, considéré par de nombreux fans comme un baroud d’honneur du Chanbara old school. Le film nous propose de suivre le périple de sept samouraïs devant escorter le jeune héritier du troisième Shogun des Togukawa, que son père cherche à éliminer. Prenant quelque peu le contrepied de la vague de Chanbara orienté Fantasy qui avait déferlée sur l’archipel nippon durant les 80s, Furuhata en profite pour livrer un récit lorgnant autant du côté de Kurosawa que des films de commando des 60s. Au casting de renom, Ken Ogata, Tetsurō Tanba, viennent s’ajouter les hallucinantes scènes d’action et cascades supervisées par Sonny Chiba et le JAC (Japan Action Club), qui encore aujourd’hui pourraient faire décrocher la mâchoire de Tom Cruise. Un très attachant chant du cygne. 

Le 13ème Guerrier

L’un des films maudits de John McTiernan, dû en grande partie à l’ingérence de son producteur Michael Crichton. À l’origine, un roman du même Crichton, narrant en 921 l’exil du poète Ahmed Ibn Fahdlan et sa rencontre avec des guerriers Vikings aux prises avec de mystérieux antagonistes, les Wendolls, attaquant un village sans défense. Bien que le film souffre de sa production chaotique, il subsiste de très nombreux morceaux de bravoure emportant largement l’adhésion. De l’apprentissage de la langue jusqu’à l’affrontement final, en passant par l’exploration de l’antre des Wendolls, McTiernan explore à nouveau ses thèmes de prédilection : le langage et la communication, le choc des civilisations, le retour à l‘état primal… tout en livrant un hommage assumé au maitre japonais, jusqu’au climax pluvieux, en plus d’offrir à Antonio Banderas l’un de ses meilleurs rôles. 

Le Seigneur des anneaux : les Deux Tours

Bien que la récente news autour d’un nouveau film estampillé Le Seigneur des anneaux a de quoi déprimer, il fut un temps où l’adaptation sur grand écran de l’univers de Tolkien rimait avec ambition artistique. Les deux tours, volet central de la trilogie originale, permit à un Peter Jackson en pleine possession de ses moyens de livrer une véritable profession de foi, trouvant son origine chez certains grands noms du 7ème art. Le périple de Gandalf, Aragorn, Legolas et Gimli au royaume du Rohan est l’occasion d’une relecture des Sept samouraïs, influence revendiquée par le réalisateur. Du chef déchu à la bataille pluvieuse, en passant par l’histoire d’amour platonique entre l’un des protagonistes et une fille du village, tout répond présent. Mais c’est surtout l’apport d’une dimension humaine existentielle qui permet au réalisateur Néo-Zélandais de dialoguer intelligemment avec son modèle Japonais. 

Seven Swords

À l’instar du 13ème guerrier, Seven Swords est une production maudite pour un cinéaste majeur où subsistent d’incroyables morceaux de bravoure qui emportent l’adhésion. Un film de tous les défis pour Tsui Hark, qui voyait dans cette adaptation des récits de Liang Yusheng la possibilité d’une franchise de plusieurs films, doublée d’une série télé, ainsi que sa réponse au Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Malheureusement cette co-production avec la chine continentale fut source de nombreux conflits et d’un tournage cauchemardesque. Néanmoins le résultat final narrant les aventures de sept épéistes devant sauver un village d’un chef militaire, est l’occasion pour le maitre Hongkongais de renouer avec l’oeuvre phare de son idole Kurosawa, mais également de poursuivre les expérimentations visuelles et l’ambiance primal de son chef d’oeuvre The Blade. Il résulte de l’ensemble une oeuvre à la fois mélancolique et exaltante. 

Kundo

Film sorti directement en DVD/Blu-ray chez nous, Kundo est une perle du cinéma sud-coréen qui aurait méritée d’avantage d’exposition. Le futur réalisateur de The Spy Gone North, Yoon Jong-bin, narre le parcours dans la corée de 1859, de Dol Mo-Chi, un boucher, qui après le massacre de sa famille va rejoindre une communauté de brigands cherchant à redistribuer les richesses aux pauvres, confisquée par des nobles. À travers cette superbe relecture du mythe de Robin des Bois, Yoon Jong-bin livre un film qui pourrait s’apparenter à une synthèse des diverses oeuvres évoquées dans cet article. L’influence des Sept Samouraïs est bien présente, comme celle de Kill, et même du Seigneur des anneaux, ou encore du film de commando, ici Inglourious Basterds, et du Western Spaghetti, en l’occurence le Django de Sergio Corbucci. Le film de Yoon Jong-bin est au final un vrai modèle de cinéma populaire, engagé et fédérateur. 

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