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Véritable kamoulox cinématographique, Double Team synthétise autant la déchéance annoncée d’un Jean-Claude Van Damme ayant tutoyé les étoiles de trop près que l’échec d’un Tsui Hark jamais à sa place sur le sol américain. Si la mise en scène du génie de Hong Kong sauve à peu près les meubles, au moins autant que sa folie pure et simple, c’est pour masquer un vaste n’importe quoi scénaristique, des performances d’acteurs en dessous de tout et un film qui a tout simplement échappé à tout contrôle.

Le final de Double Team, qui met en scène Jean-Claude Van Damme et son bébé dans les bras face à Mickey Rourke, en plein milieu du Colisée transformé en champ de mines avec Dennis Rodman qui déboule en moto et un tigre gigantesque lâché en même temps, est un tel sommet de n’importe quoi, représentant plutôt bien ce qu’est le film dans sa totalité, qu’on frôle le génie. Pour aborder la chose, qui tient plus de la masse filmique informe que d’un véritable film, il est nécessaire de se replonger dans le contexte d’une drôle d’époque. Le 1er juiller 1997, un évènement redouté se produit enfin, la rétrocession de Hong Kong à la Chine. La conséquence des craintes liées à un tel évènement, et notamment celle de voir des libertés artistiques bridées par le gouvernement, entraîne un exil massif des plus grands cinéastes hongkongais vers les États-Unis. John Woo, Ringo Lam et Tsui Hark posent donc leurs valises chez l’oncle Sam avec à la clé des projets avec les stars du cinéma d’action de l’époque. Ayant senti le vent tourner, Jean-Claude Van Damme, qui enchaine les succès depuis le début des années 90 et voit déjà sa carrière décliner, leur donne l’opportunité de travailler tout en exerçant son contrôle quasi total de star sous coke.

Il offre Chasse à l’homme à John Woo puis Risque Maximum à Ringo Lam, et enfin un deal de deux films à Tsui Hark, Double Team et Piège à Hong Kong. Workaholic notoire, le mogul exilé se prête au jeu d’une nouvelle expérience américaine, presque 10 ans après l’échec de la coproduction The Master, pour ce qui sera une des expériences les plus compliquées de sa carrière. Une situation logique étant donné la nature de la star et du réalisateur, deux égos gigantesques qui s’affrontaient tout d’un coup pour des raisons diamétralement opposées. D’un côté Jean-Claude Van Damme qui souhaite imposer sa vision pour un énième « film avec Jean-Claude Van Damme » et de l’autre un réalisateur surdoué, ex-maître de toute une industrie, capable d’imposer sa vision à des réalisateurs pourtant talentueux lorsqu’il occupait son poste de producteur. La rencontre ne pouvait faire que des étincelles, à défaut de donner naissance à un film vraiment mémorable. Double Team est ainsi une hydre à deux têtes, un objet de cinéma insaisissable faisant souvent bien plus que flirter avec le nanar, mais propulsé par une énergie géniale qu’aucun autre auteur n’aurait pu développer. La raison à cela vient de l’affrontement constant entre Jean-Claude Van Damme et Tsui Hark, le premier essayant coûte que coûte d’exercer son contrôle sur la production, allant jusqu’à essayer de lui imposer des choix de mise en scène.

Double Team ne pouvait donc qu’être un film malade, dont les meilleures idées en terme de scénario sont largement empruntées à la série Le Prisonnier (tout l’arc concernant « la colonie » devait à l’origine être le cœur du film et s’avère franchement intéressant) et qui cumule tout de même un nombre conséquent de poncifs de l’actioner lambda. Avec un récit qui part dans tous les sens sans la moindre logique, torpillé par un montage complètement fou et des milliers d’idées jamais canalisées, Double Team est une sorte de monstre déchaîné et une foire à tous les excès. Malheureusement articulé autour d’un script débile, difficile d’apprécier les nombreux efforts de Tsui Hark pour livrer un Van Damme Movie sortant de l’ordinaire. Pourtant, sa mise en scène fait à nouveau de merveilles, même si l’ensemble n’a à peu près aucun sens.

Il faut voir le duel entre Jean-Claude Van Damme et Xiong Xin Xin (qui a au passage assuré les chorégraphies des combats et scènes d’action avec Sammo Hung), véritable sommet d’action du film bien que trop vite expédié, pour saisir où se situe le génie de sa mise en scène et du montage. Il s’en dégage une énergie incroyable, d’autant plus qu’elle met en scène deux véritables artistes martiaux. Tout l’inverse du duel face à Mickey Rourke qui bouge comme un vieillard malgré un entrainement parait-il intense. Double Team est truffé de morceaux de bravoure, de plans sortis de nulle part comme si Tsui Hark s’était lancé le défi de trouver le cadre le plus impossible à chaque fois, et se place clairement dans le haut du panier de ce qu’a pu faire Van Damme à la fin des années 90. D’autant plus que le film regorge d’éléments prouvant assez clairement que le réalisateur s’en fout royalement ou cherche à torpiller le résultat final, des placements produits Coca Cola improbables (dont un distributeur servant de protection apparaissant comme par magie lors d’une explosion) à la façon dont il filme un Dennis Rodman jouant comme un cochon et changeant de couleur de cheveux et de fringues à chaque scène. Aucune limite au bon ou au mauvais goût dans Double Team, simplement un réalisateur de génie qui s’amuse comme il peut avec un script indigent (qui se permet même quelques grosses longueurs), un acteur sur la mauvaise pente (et qui continue d’imposer les scènes-clés du type entrainement avec la baignoire, chorégraphies à base de kicks…), des producteurs qui l’encadrent comme il ne l’a jamais été, des costumes absurdes et Dennis Rodman qui ne sait jamais s’il doit faire l’acteur ou le basketteur. Concrètement, ce n’est pas très bon mais le film reste franchement attachant de par la folie furieuse qui s’en dégage, et qui annonce quelques vrais tours de force à venir dans la carrière de Tsui Hark.

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En résumé

Véritable kamoulox cinématographique, Double Team synthétise autant la déchéance annoncée d’un Jean-Claude Van Damme ayant tutoyé les étoiles de trop près que l’échec d’un Tsui Hark jamais à sa place sur le sol américain. Si la mise en scène du génie de Hong Kong sauve à peu près les meubles, au moins autant que sa folie pure et simple, c’est pour masquer un vaste n’importe quoi scénaristique, des performances d’acteurs en dessous de tout et un film qui a tout simplement échappé à tout contrôle.Le final de Double Team, qui met en scène Jean-Claude Van Damme et son bébé dans les bras face à Mickey Rourke, en plein milieu du Colisée transformé en champ de mines avec Dennis Rodman qui débou
3.5
10

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