Close

Login

Close

Register

Close

Lost Password

Affiches alternatives : rencontre avec Angora

Aujourd’hui rencontre avec le graphiste et Web designer Angora qui en parallèle de ses travaux, exprime sa passion pour le 7ème art à travers des affiches reprenant de nombreux classiques du 7ème art. Des oeuvres qui lui ont valu d’être repéré par Potemkine Films, pour assurer les affiches de la récente ressortie en salles d’Onibaba et Kuroneko de Kaneto Shindō. 

Quel est votre parcours ?

À la base, j’ai fait de la photo de façon totalement amateure.
J’avais essayé de développer cela, mais sans vouloir en faire mon métier.
Puis j’ai suivi une formation de web design.

Depuis, je développe mes capacités à travers plusieurs créations, que je partage via mon Instagram.

J’ai également créé une boutique récemment, que je prends plaisir à faire grandir.

J’ai des tas d’idée, et de pistes à explorer.

Comment est venu l’envie de créer des visuels en lien avec le cinéma ? 

Je cherchais à enrichir mon portfolio, étant cinéphile, j’ai toujours aimé les affiches de films.

Un jour, j’ai eu une idée d’affiche avec une scène qui met chère de Lost Highway de David Lynch.

Je me suis donc lancé avec un manque de pratique et beaucoup d’hésitation.

J’ai pu en sortir quelque chose qui m’a plutôt satisfait au point de vouloir le partager sur les réseaux.

Vos travaux semblent marqués par le portrait et l’envie de mettre en avant des personnages, plutôt qu’une scène d’un film.

J’ai toujours voulu faire des portraits, c’était mon idée en photographie.

Malheureusement, faute de modèle photo, j’ai fini par faire du paysage.

Du coup, je pense que ça vient de là. 

Même s’il m’arrive de faire aussi une scène d’un film.

Je n’ai pas vraiment de carcan à vrai dire.

Est-ce que la tonalité d’une affiche vous vient directement ou bien cela passe par plusieurs phases de réflexions et essais ?

Ça dépend, en général, je vois toujours le film avant de créer quoi que ce soit. 

Ce qui est primordial pour moi.

Soit pendant le film, je vais repérer un plan, voire plusieurs.

Qui vont déboucher sur une idée.

Soit je n’ai pas d’idée et je vais expérimenter avec plusieurs directions.

Parfois l’idée que j’ai eue au départ ne fonctionne pas du tout, et je pars donc vers une autre direction.

Combien de temps pour concevoir une affiche ?

Cela dépend, en général, je fais une première version en une journée.

Puis je la laisse dans un coin, je prends du recul, et quand j’y retourne, je modifie tout ce qui ne va pas.

Il m’est même parfois arrivé de modifier juste avant la publication.

J’ai l’impression que la couleur comme le noir et le blanc sont travaillées comme de véritables matières à part entière dans vos affiches. 

Vu que je travaille sur une base qui n’a pas été créé par moi-même.

Je mets à cœur de travailler les éléments qui l’entourent, sans jamais trahir l’œuvre de base.

Car c’est important pour moi de respecter la colorimétrie de base, mais d’y apporter ma touche personnelle également.

Comment parvient-t-on à apporter sa touche personnelle à des visuels aussi iconiques que ceux d’Eraserhead, Carnival of Souls ou Shining ?

Se créer des contraintes, par exemple faire une affiche d’Eraserhead sans le personnage principal, mais avec la dualité entre son épouse et son amante.

Ou récemment j’ai fait des posters sur Marie-Antoinette, en enlevant tout le coté rose, pop.

Et rajouter le coté tragédie, qui je pense symbolise mieux le film.

Dans vos créations en lien avec Halloween ou Les prédateurs on sent une volonté de dialoguer directement avec le travail des chefs opérateurs ayant officié sur ces films, respectivement Dean Cundey et Stephen Goldblatt.  

Les chefs opérateurs pour moi sont un peu les génies oubliés, on a tendance à trop mettre le projecteur sur le réalisateur. 

Alors que la partie visuelle, c’est le chef opérateur en partie.

Votre approche parait marquée par l’expressionnisme. Est-ce qu’il s’agit d’un mouvement artistique ayant compté pour vous ?

Oui beaucoup, c’est un mouvement que j’ai connu grâce à Tim Burton notamment.

Qui dès son court-métrage Vincent en usait.

J’aime beaucoup l’utilisation du clair-obscur, et des perspectives totalement déformées.

Est-ce qu’il y a d’autres courants ou artistes qui vous ont influencé ? 

Le baroque, le romantisme, le nouveau réalisme…

Forcement René Magritte chez Lynch c’est quelque chose également.

Et Camilla Åkrans pour citer une photographe contemporaine qui ma beaucoup influencé.

Vous avez également beaucoup travaillé sur des artistes musicaux : David Bowie, Karen O, Deborah Harry, Ian Curtis, Victoria Legrand, etc. Quelles différences avec vos travaux sur le cinéma ? 

L’idée, c’était de rendre hommage à des artistes que j’aime.

Une intention particulière était également de proposer des artistes féminines.
Je voulais quelque chose de neutre, et surtout pas réfléchi.
C’était donc de l’impro totale, j’aime bien travailler en impro.
À l’intuition, en général, c’est ce que je fais de mieux.

Parmi vos récents travaux, il y a toute une série d’affiches en lien avec le cinéma de Sofia Coppola, notamment des visuels sur Marie Antoinette qui tranchent avec l’image d’épinal qu’on peut avoir du film. 

Oui, comme j’ai évoqué, refaire ce qui a déjà été fait ne m’intéresse pas.
Quand j’ai revu le film, j’ai été subjugué par la beauté de la photo de Lance Acord.
Il fallait à tout prix que je réhabilite ce film, en évitant soigneusement de reprendre l’imagerie de base.

Je suis très fier de cette série en hommage à ma réalisatrice préférée d’ailleurs.

Comment vous en êtes venu à être contacté par Potemkine Films pour leurs ressorties des films de Kaneto Shindō

Ils m’ont contacté suite à un commentaire d’une personne (que je salue) qui les avait taggués en proposant mes affiches comme visuel à ses films pour une future ressortie.

Y avait t’il des exigences particulières pour cette commande ?

Pas vraiment, juste enlever les noms des acteurs et mettre plus en avant celui du réalisateur.

La collaboration fut très enrichissante pour ma part.

Quel regard portez vous sur le monde des affiches alternatives ?

Je sais que ce n’est pas forcément bien vu par les puristes des affiches classiques.
Et je comprends parfaitement cela.
Après, je trouve l’idée intéressante de revisiter une œuvre déjà connue de tous sous un angle différent.
Et parfois, c’est supérieur à l’affiche classique, je pense par exemple que l’affiche de la ressortie de Twin Peaks: Fire Walk with Me est supérieure à l’originale.

Il y a quand même des tas d’affiches originales qui ne rendent pas hommage aux films.

De futurs projets ? 

Je peux annoncer que les prochaines affiches qui sortiront auront pour thème les films noirs des années 40.

Je travaille actuellement sur de prochaines affiches de grands films japonais.
Et j’ai dans mes tiroirs une affiche alternative d’un grand film de science-fiction.
Sinon j’en profite pour faire un petit appel du pied aux éditeurs, aux distributeurs, à toutes personnes susceptibles de vouloir travailler avec moi.
Qu’ils n’hésitent surtout pas à me contacter pour de futurs projets.

Dernière question : y aurait t’il des affiches de films et des artistes que vous nous conseillez de découvrir ?

Avec plaisir.

J’adore l’affiche alternative de Twin Peaks: Fire Walk with Me de Robert Sammelin
Celle de Mars Attacks! de Nick Charge et The Long Goodbye de Tom Ralston qui rappelle fortement le travail de Drew Struzan.
Également l’affiche d’Eyes Wide Shut de Bam create avec un vrai travail sur la texture. 

Je rajoute le travail de Tracie Ching sur Kubrick, magnifique agencement de perceptive.
Et pour finir, je salue l’art du découpage de Needle, c’est juste exceptionnel.

Propos recueillis par Yoan Orszulik, vous pouvez retrouver Angora sur son site web, ainsi que sur Twitter et Instagram.

Si tu aimes, partage !

    Répondre

    Votre adresse mail ne sera pas visible. Les champs requis sont marqués par *

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

    Merci pour votre commentaire !

    A lire également