Après la série Shokuzai et la science-fiction de Real, Kiyoshi Kurosawa poursuit son retour vers le cinéma de genre qui avait fait sa renommée à ses débuts. Seventh Code est une œuvre atypique, imparfaite mais profondément attachante.
Ce qui frappe dans Seventh Code, c’est sa durée, 60 minutes qui tranche avec une grande partie des précédents films du cinéaste. Une donnée que le réalisateur de The Cure va aborder de façon personnelle, en conviant son amour pour les Séries B du passé, dont la durée n’excédait pas une heure (Les « Powerty Row » des années 30, notamment) et un ton intimiste à travers la caractérisation des personnages. Akiko, interprétée par la chanteuse Atsuko Maeda, est en vacances à Vladivostok. A la recherche de Matsunaga (Ryôhei Suzuki que l’on retrouvera dans Tokyo Tribe de Sono Sion), un homme d’affaires vu au cours d’une soirée. Akiko sera kidnappée, avant d’être relâchée sans sa valise et ses papiers. La qualité de Seventh Code est de prendre à rebours les nombreux clichés propres aux films d’espionnage contemporains : contexte post guerre froide, clé atomique…
En faisant de sa protagoniste principale une touriste dépassée par les évènements, trouvant refuge des restaurateurs chinois, Kiyoshi Kurosawa dépeint de façon subtile les rêves brisés de ce couple d’immigrés, sans jamais tomber dans une caricature à charge, au dépend de l’histoire racontée. Avec l’aide de Shinya Kimura (chef opérateur de Sono Sion sur Cold Fish), Kurosawa signe une réalisation soignée, jouant du contraste entre le caractère déliquescent des bâtiments à l’abandon de l’ex URSS et son protagoniste principal dont le manteau rouge et pop détonne au sein du cadre naturaliste dans lequel elle évolue. Malgré un temps de tournage que l’on imagine très serré, le réalisateur parvient à créer une atmosphère singulière, à travers le soin apporté à ses nombreux mouvements de caméra, notamment ses longs travellings avant. Kiyoshi Kurosawa donne un sens différent (suspense, révélation sur l’identité des personnages) avec une même valeur de plan répétée plusieurs fois. Toutes ses qualités vont cependant être mis à mal par un twist qui change le ton de l’histoire. Le problème n’étant pas la nature de cette révélation, mais le fait qu’elle intervient de façon beaucoup trop abrupte, en conclusion, pour se révéler efficace.
Là où Real proposait un basculement narratif en milieu de métrage, lui permettant d’amener brillamment sa portée narrative et émotionnelle vers des rivages peu communs, Seventh Code aurait du bénéficier d’une vingtaine minutes supplémentaires pour rendre son twist beaucoup plus fort sur les deux niveaux précités. En dépit de ce changement qui amoindrit sa portée émotionnelle, faute d’une durée lui permettant un meilleur ressenti. La conclusion du nouveau long métrage renoue avec un côté décalé propre au cinéma Pop Japonais, qui voit l’incrustation d’un vidéo clip d’Atsuko Maeda, sur lequel viens s’ajouter un final ironique qui prouve que le cinéaste de Kaïro, même dans un cadre très restreint peu livrer une œuvre personnelle et respectueuse du genre investi.
Bien que doté, d’un dernier acte quelque peu calamiteux, en raison de la courte durée du long métrage, Seventh Code confirme le retour réussi de Kiyoshi Kurosawa vers un cinéma de genre à la fois intimiste, captivant et singulier.