Après l’inattendu Elle, Paul Verhoeven reste en territoire francophone pour son prochain long métrage. Avec Sainte Vierge, il s’attaque à l’adaptation du roman Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne de Judith C. Brown.
10 ans après le monumental Black Book, Elle fit l’effet d’une déflagration. Du très grand Paul Verhoeven, suffisamment tordu pour s’attirer les foudres de tout le monde, et suffisamment habile pour incarner exactement l’inverse de ce qu’il parait être. Avec sa perversion totale des codes d’un cinéma qu’il s’est complètement réapproprié, le hollandais violent a montré qu’il était de retour en très grande forme. C’est pourquoi on l’attend au tournant pour son prochain projet, que le producteur Saïd Ben Saïd, déjà aux commandes de son film précédent, vient de dévoiler. Il s’agit de Sainte Vierge, ou Blessed Virgin à l’international. Un film dont le premier rôle sera tenu par Virginie Efira. Un film qui sera une adaptation de Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne, un roman signé Judith C. Brown à la fin des années 80. Un récit assez incroyable obtenu suite à ses recherches dans les archives de Florence. L’histoire vraie de Sœur Benedetta, nonne au destin assez exceptionnel et qui osa évoquer des sujets définitivement tabous dans l’univers très religieux du XVIIème siècle. Mais l’autre excellente nouvelle de ce projet est la présence au scénario de Gerard Soeteman, scénariste de Verhoeven sur La Chair et le sang mais également sur tous ses films néerlandais, de Turkish Delight à Black Book, en passant par Katie Tippel, Soldier of Orange, Spetters et Le Quatrième homme.
Une réunion de talents qui risque d’être assez détonante. Et qui permet à Paul Verhoeven, en attendant de pouvoir un jour réaliser son film sur Jésus, d’aborder à nouveau les aspects les plus tabous de la religion.
On attend très vite des nouvelles de Sainte Vierge qui entre bientôt en tournage. Et pour en savoir un peu plus sur ce roman, la quatrième de couverture chez Gallimard :
«Être le secrétaire d’une sainte…», rêvait un grand connaisseur en nostalgies. Comme en réponse à ce soupir, une trouvaille d’archives nous est offerte : mais la surprise est ironique.
Benedetta Carlini entre au couvent en 1599, à l’âge de neuf ans. Plus tard elle bénéficie de visions, de célestes faveurs, et elle lutte contre les agressions et les leurres du démon. Elle tâche d’asseoir, sur ces grâces hors ligne, une renommée et un pouvoir local. Ces visées embarrassent la hiérarchie. Elle sera convaincue d’imposture.
Au surplus, les enquêteurs ecclésiastiques découvriront qu’elle a filé une liaison amoureuse avec une autre nonne. Sur l’homosexualité féminine de ce temps, vice inexploré, «péché muet», le document est de toute rareté.
Ce n’est pas l’abbesse Carlini qui prêche dans la transe, c’est le Christ ou c’est l’ange, mais par sa voix d’actrice aux timbres changeants. De même ce n’est pas Benedetta qui étreint sa compagne, c’est encore son gardien Splenditello, un fort beau gamin d’ange qui se fixe à jamais dans la mémoire du lecteur comme agent supraterrestre de ce mystique ménage à trois.
Judith C. Brown reconstruit comme un roman cette double aventure : l’échec d’une ambition de sainteté, la fougue charnelle d’un amour angélique.