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Norma Rae – Critique

Il y a des films qui ont plus de cœur que d’autres, des œuvres qui vous marquent pour leurs personnages et la puissance du message. Norma Rae n’est pas ancré dans tous les esprits et semble méconnu du grand public, un « petit film « qui a tout d’un grand et qui mérite toute notre attention.

Tout part d’une histoire vraie racontée dans un livre écrit par Henry Leiferman, un journaliste du New-York Times. « Crystal Lee : une femme d’héritage » se penche sur la vie d’une femme et son combat. Crystal Lee travaillait dans une usine de textile en Caroline du Nord, elle militait pour que les employés soient syndiqués. Dans le film de Martin Ritt le nom de l’héroïne est changé pour Norma Rae et c’est Sally Field qui donnera de sa personne pour ce premier rôle.

Norma Rae commence et ce n’est pas l’image mais le son qui frappe d’emblée. C’est le bruit des machines. Une musique inaudible et insupportable pour n’importe quelle oreille humaine. Le vacarme ne dure que quelques secondes mais il est terriblement agaçant. Le metteur en scène nous plonge directement dans la peau du travailleur d’usine. L’empathie en 30 secondes à peine. Les premières silhouettes qui parviennent à se dessiner à travers ce monde métallique sont féminines, elles n’apparaissent pas directement devant la caméra mais derrière une vitre qui les sépare du centre de l’usine. Le personnage de Norma Rae et ses collègues font une pause et cette séparation est une belle métaphore car elle suggère que la vie n’a pas sa place dans l’arène. L’usine est le lieu de toute les souffrances dans le récit et il ne faut pas moins de deux phrases prononcées par Norma Rae (Sally Field) pour tomber amoureux du personnage.

Le récit prend place pendant les années 70, Norma Rae est une femme en avance sur son temps qui aurait été heureuse à notre époque. Indépendante, forte, elle ne se laisse pas marcher dessus, surtout pas par les hommes. On la verra se battre contre le sexisme ambiant à différentes étapes du film. Elle a fréquenté plusieurs hommes et les habitants de sa petite ville la jugent car elle est libre. Cette petite bourgade est d’ailleurs à l’image de ces résidents : fermée, bourrée de préjugés et réactionnaire. Norma Rae traite de la cause des femmes, mais aussi de la situation des afro-américains, en plus de parler des ouvriers opprimés. L’animosité des patrons est très bien illustrée, elle se traduit par des maladies ou la mort. L’usine ressemble à un abattoir pour humains, voilà comment l’auteur décrit cet endroit où des hommes et des femmes sont censés gagner leur vie dignement. Pas besoin de 3D pour être immergé parmi les ouvriers, la mise en scène et l’écriture nous plongent dans cet endroit morbide avec une facilité déconcertante. Le bruit, la chaleur, la fatigue. Tout est palpable.

Sally Field campe Norma Rae avec force et détermination. Elle rend divinement justice au personnage à qui ce film rend hommage. Face à elle, d’autres protagonistes intéressants. Beau Bridges qui oscille entre le gentlemen et le goujat, on l’aime puis on le déteste. Mais il y a surtout Ron Leibman qui joue le personnage de Reuben, l’ange gardien qui suscitera l’envie aux salariés de se syndiquer. Norma Rae vit des relations conflictuelles avec les hommes, sauf ceux avec qui elle ne couche pas, comme son père et Reuben. Ce dernier représente le futur et l’ouverture. Il vient de New-York, il est très cultivé, il découvre les mentalités étriquées de la campagne. Ce sera le seul qui parviendra à voir en Norma Rae son véritable potentiel, il l’aidera à se découvrir et à offrir ce qu’elle a de plus beau. Le duo forme un drôle de couple, on est terriblement attachés à leurs échanges, ils se passe quelque chose entre les deux acteurs. Le réalisateur a su le capter et c’est très beau à voir.

Martin Ritt a su immortaliser plusieurs moments. Il parvient à donner de la puissance à des éléments très simples. Il met en scène des moments forts, où les dialogues sont absents. Le spectateur est scotché par les images et la force d’interprétation des acteurs. On pense à cette scène où Norma Rae brandit son carton où il est inscrit « Union ». Quel passage … la magie opère, la scène est brève mais on voudrait qu’elle ne s’arrête jamais.

Sally Field n’a pas volé son Oscar et son prix d’interprétation féminine décroché à Cannes pour Norma Rae. Le destin l’a menée tout droit vers ce rôle principal, un rôle qui doit sacrément influencer la jeune génération. Son talent ne fait pas d’ombre à ceux qui l’entourent car les autres acteurs ont l’énergie suffisante pour rayonner face à elle. Mais Norma Rae est « son film ». C’est une œuvre avant-gardiste qui n’a pas pris une ride tellement le propos reste d’actualité. Même si la société a avancé sur certains points, le combat n’est pas terminé. Norma Rae est un film « nécessaire », une œuvre engagée au grand cœur qui mérite un statut plus populaire.

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