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Comment allier une saga représentant un monument beauf à l’émotion à fleur de peau liée à la perte d’un membre d’une famille de cinéma ? C’est le casse-tête auquel s’est confronté James Wan avec Fast & Furious 7, un film qui n’est certainement pas ce qu’il aurait pu être. Un film malade qui aura rapporté la bagatelle d’1,5 milliards de dollars à travers le monde pour s’installer à la sixième place des plus gros succès de tous les temps. Logique ?

Lancée en 2001 par ce gros bourrin de Rob Cohen, sous la forme d’une resucée de Point Break dans le milieu du tuning, la saga Fast & Furious aurait très bien pu s’arrêter après un second film tenant plus du nanar bulgare que d’autre chose. Pourtant, film après film, et en particulier grâce à un cinquième épisode qui a su apporter enfin un peu de cinéma et de dramaturgie dans cette bouillie de mécaniques rutilantes et de jeunes filles en bikini, la saga a trouvé sa place auprès du public. Sans doute grâce à un apport de choix, Dwayne Johnson et sa cool attitude, contrepoint parfait à un Vin Diesel toujours plus beauf et de moins en moins cool. Après un sixième épisode des plus oubliables, l’arrivée de James Wan aux commandes de Fast & Furious 7, et son ambition d’en faire un revenge movie un peu crade façon cinéma des 70’s, avait de quoi séduire. Après tout, le bonhomme, lorsqu’il n’enchaîne pas les films d’horreur, est capable de flirter avec ce cinéma craspec, comme il l’avait prouvé avec le formidable Death Sentence. Sauf que le décès de l’acteur Paul Walker aura redistribué toutes les cartes et Fast & Furious 7 ne ressemble en rien au film promis et fantasmé. De cette tonalité, on n’en trouvera que quelques rares traces disséminées ça et là, preuve que ce film n’a pas pu se faire et qu’il a muté en autre chose. Un monstre qui se cherche entre la grandiloquence du n’importe quoi qui défie toutes les lois de la physique et de la logique, et la solennité d’un hommage en règle à un acteur dont la disparition signifie la perte d’un des deux piliers de la franchise. A ce titre, la conclusion qui s’étire à n’en plus finir, sincère dans l’émotion intense qui en transpire, s’inscrit dans un profond hors sujet méta. En gros, on ne fait que des conneries et on joue à casser plein de bagnoles pendant deux heures, mais on se garde les 15 dernières minutes pour devenir très sérieux et rendre hommage à notre frère disparu. La démarche a beau être honnête, le résultat est très maladroit.

Pour tout ce qui précède, James Wan alterne les bonnes idées et des choses sans grande inspiration. Parmi les bonnes, voire très bonnes, choses, il y a cette séquence introductive qui, de par sa construction à revers, illustre les « compétences » du personnage de Jason Statham. Un beau moment, avec un vrai point de vue. De la même façon, la plupart des scènes d’action font le job, et notamment les grosses bastons entre Dwayne Johnson et Jason Statham, ou entre Vin Diesel et Jason Statham. C’est brutal, les coups font mal, le découpage et suffisamment lisible et quelques idées font plaisir à voir. Même si ces idées finissent par devenir un gimmick trop mécanique, à l’image de ces plans dans lesquels la caméra tourne en même temps que les corps voltigent. Rien d’exceptionnel au demeurant, mais ça change du surdécoupage et des plans de feignasses auxquels Hollywood nous avait habitué ces dernières années. Côté poursuites et scènes en bagnole, il y a à boire et à manger. Globalement ça tient plutôt bien la route, sauf quand tout ce petit monde décide de faire un tour du côté d’Abou Dabi. Tournant de Fast & Furious 7 vers le grotesque le plus total, toute cette séquence aux Émirats est une catastrophe. De l’arrivée de l’équipe en mode gros kékés au milieu de femmes qui se baladent dans la rue en bikini (à Abou Dabi…) au vol plané entre deux immeubles dans une Lykan Hypersport, en passant par tout un long passage façon mission : impossible ponctué de blagues de ce gros lourd de Tyrese Gibson, c’est à peu près tous les travers de la saga qui s’accumulent en un seul point. Un festival pour satisfaire la partie la plus beauf du public. Ça s’améliore un peu une fois de retour à Los Angeles. 40 bonnes minutes d’action quasiment non-stop avec poursuite en hélicoptère, avec un drone… et tout vire à nouveau au grand n’importe quoi dès que Dwayne Johnson, bien trop absent du film au demeurant, débarque.

C’est un peu la foire, avec une ambulance qui dégomme un drone en plein vol, des bagnoles volantes, Dwayne Johnson qui attaque un hélicoptère militaire avec une grosse mitraillette rotative… un vrai délire décérébré et décomplexé, sur lequel vient se poser un discours pompeux sur la famille asséné par un Vin Diesel qui ne semble étrangement pas à sa place parfois. A l’arrivée, il faut bien avouer que quelques séquences valent vraiment le détour et que les money shots sont légion, mais ce qui transparait le plus est la sensation d’un vrai film malade. Fast & Furious 7 s’imaginait en polar hard boiled mais ne dépasse pas le stade du gros délire un peu beauf avec des crétins qui jouent à la bagarre et aux courses de bagnoles. C’est crétin comme ce n’est pas permis mais il s’en dégage une certaine naïveté, sans doute illusoire, assez plaisante. On passera donc sur ces cascades qui défient les lois de la physique ou sur le fait que Paul Walker y casse la gueule à Tony Jaa, et même sur les innombrables invraisemblances d’un récit qui se plante dans la surenchère et aurait mérité un gros dégraissage. Simplement car la plupart des personnages restent attachants et que ces conneries s’adressent directement au gosse qui sommeille dans chaque spectateur, même si ce dernier est tout à fait conscient d’assister à un show quand même bien débile.

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En résumé

6
10

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Auteur

Gigantesque blaireau qui écrit des papiers de 50000 signes absolument illisibles de beaufitude et d'illettrisme, d'après Vincent Malausa.

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