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L’absence de Chris Sanders, grand artisan du premier et formidable Dragons, pouvait laisser craindre le pire quant à cette suite à la tête de laquelle Dean DeBlois se retrouve en autonome, au scénario comme à la réalisation. Le film qui était présenté hors compétition au festival de Cannes et confirme que Dreamworks Animation est aujourd’hui largement au-dessus du lot, au moins une fois par an. Car ce Dragons 2 est tout bonnement extraordinaire.

Combien de film peuvent aujourd’hui se targuer d’autant stimuler l’imaginaire du spectateur, qu’il ait 5 ou 85 ans ? Dragons 2, suite du bien nommé Dragons, le film qui laissait penser que Dreamworks allait finalement devenir LE studio qui compte, fait partie de cette race de films, une espèce au moins aussi en danger que certains dragons qui habitent le film. Il y a absolument tout ce que le grand cinéma d’aventure se doit de proposer aujourd’hui, autant en terme de spectacle pur qu’au niveau de son récit, qui brasse des tonnes de thèmes forts et universels, rassemblés dans une harmonie parfaite pour construire un vrai film populaire, dans ce que cela sous-entend de plus noble.

La beauté de Dragons 2 est tout d’abord, assez logiquement, purement visuelle. Le film est une merveille de chaque instant, développant une palette de couleurs qui semble inépuisable. Dès la première séquence, qui reprend la construction du premier film en présentant le village viking ayant légèrement évolué en 5 ans et avec la vie en communauté avec des dragons, c’est éblouissant. Les mouvements de caméra se font virevoltants, le bond technologique repousse encore les limites du photoréalisme des différents décors, la musique de John Powell, surpuissante, apporte une rythmique considérable, Dean DeBlois plonge le spectateur en quelques secondes dans un univers totalement fantaisiste mais auquel il est impossible de ne pas croire immédiatement. Au passage, le temps d’une séquence complètement folle de course de dragons un peu spéciale, il ridiculise les scènes de quidditch d’Harry Potter, mettant à profit toutes les libertés de mouvement permises par l’animation. Chaque séquence « d’action » à proprement parler tient du morceau de bravoure, chacune étant encore plus dantesque que la précédente, à tel point que Dragons 2 ne semble avoir aucune limite au grand spectacle. Mais du spectacle pour du spectacle, ce n’est pas vraiment ce qui intéresse Dean DeBlois qui, seul aux commandes, construit un récit magnifique et se permet d’aller encore plus loin que le premier, tout en lui étant tout à fait fidèle en terme d’esprit.

Dragons 2 est un nouveau récit d’apprentissage, mais qui pousse cette notion très loin en utilisant l’âge de son personnage principal, Harold, arrivé dans sa vingtaine d’années. Le héros, car il a déjà atteint ce statut dans le film précédent, est devenu un explorateur et commence à sérieusement se frotter au difficile monde des adultes et à la notion de responsabilité. Il est question ici d’apprendre à accepter sa destinée. Non pas de s’introduire dans le moule pour lequel il a été programmé en tant que fils de chef du clan, mais en tant que leader d’un monde nouveau qu’il va participer à bâtir. Ainsi, le récit passe par des phases d’apprentissage et de rébellion diverses permettant de construire un personnage très solide, en creusant encore la notion d’amitié qui le lie à son dragon Toothless, toujours aussi proche du plus espiègle des chats dans son comportement. Cette relation homme/animal brise une nouvelle fois la notion de spécisme en vogue dans le cinéma depuis des lustres, mettant les deux espèces sur un pied d’égalité. Mais Toothless est également un véritable vecteur d’émotions, parfois très intenses, ainsi que le destrier idéal pour proposer des scènes de voltige toujours plus gigantesques.

Dragons 2 est un film impressionnant, très spectaculaire, très drôle (à l’exception de quelques digressions parfois embarrassantes en terme d’humour autour de personnages secondaires) mais également très touchant. Difficile de retenir une ou plusieurs larmichettes quand le film commence à développer un propos incroyablement mature sur la relation entre des parents et leur enfant, sur l’absence de la mère, sur des retrouvailles comme autant d’instants de pure grâce cinématographique. C’est à ce niveau que le film est très fort, puissant, sans jamais perdre de vue son objectif de proposer un spectacle total sans aucune fausse note du côté du tempo. Une émotion qui passe autant par le récit en lui-même que par la puissance évocatrice des images. Notamment quand Dragons 2 se pare des plus beaux des héritages pour construire certaines de ses séquences majeures : Avatar, Princesse Mononoké, Le Seigneur des anneaux et Godzilla. Cette filiation multiple permet à Dean DeBlois de construire des séquences qui en appellent directement aux mythes anciens, trouvant dans un dragon magnifique dénommé Alpha un équivalent titanesque de l’arbre de vie ou du dieu de la forêt. Le film se réapproprie ainsi des notions mythologiques qui apportent une grille de lecture supplémentaire, les dragons étant à la fois traités sur le même niveau que l’homme, mais également comme des sortes de divinités. Par cette accumulations de niveaux et de textures, les lumières du film, bénéficiant de l’expertise de Roger Deakins, participant à créer cet univers hors du commun, Dragons 2 s’impose comme un des films d’animation les plus riches de ces dernières années, voire plus. Cette mise en scène virtuose et la complexité thématique du propos en font quelque chose de définitivement hors du commun. Une mise en scène qui, au-delà du simple fait de proposer des scènes hautement spectaculaires, se montre incroyablement intelligente au moment de gérer les différentes notions d’échelle entre humains et dragons, par une utilisation astucieuse de la profondeur permise par la 3D et de l’inclusion au premier plan de personnages référents.

Mais le plus beau vient finalement du propos, très adulte et extrêmement stimulant pour le jeune public. Car Dragons 2 invite à explorer, à s’aventurer, à aimer son voisin quelle que soit sa nature, à ne jamais baisser les bras et à s’élever contre l’autorité par passion, car le résultat de tous ces éléments aboutit à un personnage qui va grandir sérieusement, même s’il apprendra que ses parents, chacun de leur manière, ne racontaient pas n’importe quoi en essayant de guider leur enfant. Le film utilise pour cela un langage cinématographique très vaste, allant de la fresque épique et barbare à la pure comédie musicale (une scène de « danse » sur des dragons en plein vol est extraordinaire) et des plus ludiques, tout en se réappropriant des références purement cinématographiques apportant une couche supplémentaire aux personnages (le bad guy qui ressemble étrangement au Thulsa Doom de Conan le barbare). Tout cela, couplé à des valeurs fortes et essentielles, de l’unité au fait de protéger les siens (son peuple, sa famille), à la richesse visuelle de l’ensemble, à la dose d’héroïsme nécessaire et à une poignée de séquences pendant lesquelles le temps semble s’arrêter, purs moments de contemplation à travers des plans magnifiques (un duel de dragons, une attaque entre les formes agressives d’un monstre, un homme qui retrouve sa femme…), mais également à la compréhension totale des étapes qui forment un être vivant (le deuil par exemple), tout cela fait de Dragons 2 une véritable merveille qui risque bien de marquer durablement.

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10

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Auteur

Gigantesque blaireau qui écrit des papiers de 50000 signes absolument illisibles de beaufitude et d'illettrisme, d'après Vincent Malausa.

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